Les moteurs de recherche nous font croire que l’on est plus intelligent que ce qu’on est

Le cofondateur de Google Sergey Brin voulait que «Google soit la troisième moitié de votre cerveau». Il se pourrait qu’à défaut de faire grossir la masse cérébrale, les moteurs de recherche en ligne nous donnent l’illusion d’être plus intelligents, si on en croit un article publié en mars 2015 par des chercheurs en psychologie de l’Université de Yale.

 

Les chercheurs, détaille le site News Wise, ont réalisé plusieurs expériences auprès de deux groupes de participants dont le premier avait accès à Internet l’autre non. A chaque fois, il s’agissait de tester non pas leurs connaissances sur des sujets variés (comment fonctionne un zippo? Comment se forme une tornade?) mais d’évaluer leur confiance dans leur capacité à répondre correctement à toutes sortes de questions. Dans chaque configuration, les participants ayant un accès à Internet ont montré plus d’assurance dans leur capacité à répondre aux questions, même dans les cas où ils n’avaient pas trouvé la réponse en cherchant en ligne ces informations. Lors d’une autre expérience, les participants connectés pensaient que leur cerveau était plus actif que ce que pouvait le penser les membres du groupe de contrôle.

Selon les chercheurs, ce n'est pas l'accès à une page web précise mais bien à un moteur de recherche qui favorise cet excès de confiance dans ses capacités intellectuelles.

Selon Matthew Fisher, doctorant à Yale et principal coauteur de l’étude, «il devient plus facile de confondre notre propre savoir et celui de la source externe [qu’est Internet]. Quand les gens sont livrés à eux-mêmes, il se peut qu’ils soient largement ignorants de ce qu’ils savent et du point auquel ils dépendent d’Internet».

Pour Frank Keil, autre coauteur de l’étude, «l’effet cognitif d’être “en mode recherche” sur Internet pourrait être si puissant que les gens se sentent plus intelligents même quand leurs recherches en ligne ne révèlent rien».

Ces conclusions font rejaillir le débat qui a suivi la publication en 2008 d’un article de Nicholas Carr, «Est-ce que Google nous rend idiot?», qui avait le premier attiré l’attention du public sur les effets cognitifs de la dépendance aux outils de recherche en ligne.

Comme nous l’expliquions en 2010, Carr s'appuyait sur des expériences qui suggèrent «qu'à mesure que les logiciels informatiques deviennent plus simples d'utilisation, rendant les tâches compliquées plus faciles, nous risquons de perdre notre capacité à apprendre correctement quelque chose».

Ces conclusions font rejaillir le débat qui a suivi la publication en 2008 d’un article de Nicholas Carr, «Est-ce que Google nous rend idiot?», qui avait le premier attiré l’attention du public sur les effets cognitifs de la dépendance aux outils de recherche en ligne.

Comme nous l’expliquions en 2010, Carr s'appuyait sur des expériences qui suggèrent «qu'à mesure que les logiciels informatiques deviennent plus simples d'utilisation, rendant les tâches compliquées plus faciles, nous risquons de perdre notre capacité à apprendre correctement quelque chose».

Jean-Laurent Cassely

 

Source : Slate (France)

 

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