Mauritanie : la diaspora accuse Ould Aziz de trahison

« Nous avons soldé le dossier du passif humanitaire ».Une déclaration du président mauritanien cette semaine à Nouakchott au cours de sa conférence de presse à l'issue d'une tournée marathon dans les Hodhs à l'Est du pays.

Ould Aziz officialise ainsi la fin du dossier le plus lourd de l'histoire mauritanienne sur la cohabitation. Une remise en cause de la réconciliation nationale qui a provoqué la consternation de la diaspora et au premier chef les victimes des événements de 89 à 91.Pour les observateurs cette confirmation du chef de l'Etat mauritanien est un déni de justice.En classant ce dossier du passif humanitaire le premier magistrat du pays efface du moins temporairement sur le sol national les crimes commis par le régime de Ould Taya.

Ould Taya a déporté de milliers de négro-mauritaniens en 89 vers le Sénégal et le Mali dont plus d'une centaine ont été enterrés dans des fosses communes à Sori Malé et exécuté 12 soldats noirs à Inal.Et c'est Ould Aziz entamant son deuxième quinquennat qui efface les crimes du régime de Ould Taya en soldant le passif humanitaire.C'est du moins ce qui ressort de sa déclration cette semaine au cours d'une conférence de presse dans la capitale mauntanienne à l'issue d'une tournée marathon dans les Hodhs à l'Est du pays.Le chef de l'Etat officialise ainsi sa politique de négationnisme contre la communauté noire en Mauritanie et tourne le dos définitivement à la réconciliation nationale.Cela ressemble fort à une déclaration de guerre contre les victimes contre les défenseurs des droits de l'homme et contre tout simplement les mauritaniens .L'indignation entendue en France et en Europe et dans toutes les capitales occidentales après ces propos du premier magistrat du pays est un déni de justice, un scandale de la République.La colère de la diaspora est à la hauteur de la difficile cohabitation entre les différentes composantes de la Mauritanie depuis l'indépendance en 1960.

Ould Aziz a trahi ainsi les mauritaniens dont il avait promis justice et réparations après la prière de Kaédi en 2009. Et l'histoire s'est répétée en 2014 vers la fin de son quinquennat en refusant de recevoir à la Maison brune les marcheurs réfugiés du Sénégal de Boghé réprimés sévèrement dès leur arrivée à Nouakchott par la police.Des exemples de racisme d'Etat ne manquent pas en commençant par le génocide biométrique pour « dénégrifier » le pays en passant par la politique mauritanienne de l'immigration dont l'objectif vise à limiter le séjour d'africains noirs en Mauritanie sans oublier les nominations régulières au plus haut niveau des arabo-berbères dans tous les rouages de l'Etat, l'arabisation de l'armée et collectivités locales .Ould Aziz ressemble fort donc à Ould Taya. Les observateurs redoutent un durcissement de cette politique dont les prémisses sautent aux yeux avec la condamnation injuste à deux ans de prison du candidat malheureux aux dernières présidentielles Ould Abeid ainsi que le président de l'Association Kawtal Djibi Sow. Il s'agit bien d'une démocratie déguisée en dictature.

Bakala Kane

 

(Reçu à Kassataya le 29 mars 2015)

 

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