Parce que gouverner c'est prévoir, et que les cocktails fatals manquent aux Etats-Unis, compte tenu notamment de la décision de l'Union européenne d'interdire l'exportation de ce type de produits, des élus de cet Etat ont décidé de rétablir ce mode opératoire pratiqué lors de 41 des 51 exécutions qui y ont été recensées depuis 1850.
Une procédure " un peu macabre ", selon le gouverneur républicain Gary Herbert qui a paraphé la loi, mais comparativement moins cruelle que les longues agonies infligées par des injections létales ratées en 2014 à deux condamnés à mort dans l'Oklahoma et en Arizona. Le promoteur de la loi, le représentant républicain Paul Ray, avait défendu son projet après le fiasco de l'Oklahoma, assurant que si le peloton d'exécution faisait " un peu Ouest sauvage ", il était " probablement la forme la plus humaine de tuer quelqu'un ".
Brady McCombs, correspondant de l'Associated Press à Salt Lake City, a raconté dans le détail comment se déroule cette forme de mise à mort. Cagoulé, le condamné est immobilisé sur un siège entouré de sacs de sable pour éviter d'indésirables ricochets. Cinq policiers masqués sont tirés au sort parmi des volontaires. Les hommes originaires de la région où a été commis le crime sont prioritaires. Ils prennent position à six mètres du condamné et visent la cible sur sa poitrine qui indique le cœur. Un fusil chargé à blanc est glissé parmi les cinq armes pour que le doute subsiste sur l'auteur du coup de feu fatal. Brady McCombs assure que jusqu'à présent, aucun tireur n'a jamais livré ses impressions après une exécution.
La dernière fois qu'un condamné avait été passé par les armes dans cet Etat, c'était en 2010 et à sa demande. Ronnie Lee Gardner avait écarté la seringue pour respecter une lecture un peu personnelle de la doctrine des Mormons, dont il se revendiquait, au chapitre de l'expiation des péchés par le sang. L'Utah avait pourtant supprimé en 2004 l'option des balles, mais cette décision n'étant pas rétroactive, sept des huit condamnés qui attendent dans le couloir de la mort, pour certains depuis plus de vingt ans, ont gardé le droit de demander à être fusillé.
Particulièrement cru, ce châtiment présente au moins le mérite de débarrasser la peine de mort de l'aspect faussement médicalisé procuré par l'injection. Peut-être pourrait-il même raviver le débat sur sa légitimité dans un pays où le nombre d'exécutions enregistré en 2014 (trente-cinq) a été le plus faible de ces vingt dernières années.
Gilles Paris
Source : Le Monde
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