L’édito : Le réveil des Harratines

Comment appellerons-nous ce malheur ? Quel est ce vice, ce vice horrible, qui nous a habité pendant longtemps et nous a fait regarder, fatalistes, un nombre infini d'hommes et de femmes tyrannisés, n'ayant ni biens, ni parents, ni enfants, ni leur vie même qui soient à eux ?
 

 

La nature de l'homme est d'être libre

« Soyez résolus de ne plus servir et vous voila libres », écrivait De la Boétie dans son discours sur ce qu'il appela la servitude volontaire, telle semble être la voie empruntée par les Harratines pour affirmer leur droit naturel d'être libres. En effet, pendant longtemps les mauritaniens, au lieu de prendre à bras le corps le problème de la discrimination dans son ensemble se sont livrés à faire un procès aux Harratines comme étant des adeptes de « la servitude volontaire. Or, il est communément admis que tout être pourvu de sentiment sent le malheur de la sujétion et court après la liberté. Aucun homme n'accepte de vivre dans une condition misérable n'ayant rien à soi et tenant d'un autre son aise, sa liberté, son corps et même sa vie. L'ensemble des textes internationaux relatifs à la protection des droits de l'homme en font un principe fondamental qui doit régir toute société.
 
 « Hartani et fier »
 
 Au moment où les Harratines combattaient pour recouvrer leur liberté d'autres les combattaient pour la leur ravir. Le « maitre » a toujours voulu emprunter au hartani la main avec laquelle le frapper, qu'il soit le receleur du larron qui le pille, qu'il soit complice du meurtrier qui le tue, qu'il sème son champs pour qu'il vienne le dévaster, qu'il élève ses filles afin qu'il puisse assouvir sa luxure. Aujourd'hui cette situation est fortement chamboulée par l'émergence des figures dirigeantes au sein de la communauté Harratine.
 
Cette effervescence et cette prise de conscience au sein de cette communauté ont ceci d'extraordinaire qu'elles ont permis à ses membres de se réapproprier le terme « Hartani ». Ce terme auquel on a souvent voulu donné une connotation négative se révèle être un formidable vecteur d'unité et de fierté d'appartenir à une communauté qui se bat pour ses droits inaliénables et sacrés.
 
D'ailleurs, des voix s'élèvent pour que les harratines soient reconnus comme une communauté à part entière au lieu de l'instrumentaliser pour son poids démographique important. La nouvelle approche consiste à faire admettre à l'ensemble des victimes que la situation dans laquelle elles vivent ne découle aucunement de la volonté divine mais de l'attitude des hommes qui veulent sacraliser leurs privilèges acquises par la ruse et le sang. Si bien que les caciques de l'exploitation de l'homme par l'homme ne trouvent meilleur moyen que de vouloir chasser de leurs têtes toute idée de liberté et l'effacer de leur mémoire. Or les harratines ont compris aujourd'hui dans leur immense majorité que la liberté « dès qu'elle est perdue, tous les maux s'ensuivent, et sans elle tous les autres biens, corrompus par la servitude, perdent entièrement leur goût et leur saveur ».
 
Ainsi rien ni personne ne pourra arrêter la vaillance que l'idée de liberté met dans le cœur de ceux qui la défendent. Car, désormais les harratines sentent le poids du joug et ne peuvent se retenir de le secouer, ils ne s'apprivoisent plus de la sujétion et s'empressent de revendiquer leurs droits naturels et inaliénables. Ils les sentent en leur esprit, il ne leur reste plus qu'à les savourer.
 
La rédaction du flere.fr
 
Flere.fr
 
 
(Reçu à Kassataya le 18 mars 2015)
 
 

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