La direction de la société qui a failli à ses engagements en renonçant à mettre en œuvre un document datant de mai 2014 et signé conjointement avec les délégués des travailleurs, a ainsi mis le feu aux poudres, poussant les mineurs à entrer en grève pour obtenir gain de cause.
Face à cette situation, le gouvernement a préféré jouer le pourrissement et il aura fallu attendre plus d’un mois avant que l’un de ses membres, en l’occurrence le ministre des mines, ne soit dépêché sur place, non pas pour négocier mais tout juste pour faire des propositions jugées inacceptables pour les grévistes. Sa mission fut donc un fiasco total.
Face à la désinvolture avec laquelle le pouvoir semble gérer la crise, des voix se sont élevés de partout pour dénoncer une fuite en avant qui risquerait de mettre en péril le principal pilier de l’économie mauritanienne.
C’est ainsi qu’une frange importante de l’opposition et de la société civile regroupées au sein du Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), a au cours d’une conférence de presse organisé cet après midi à Nouakchott, exhorté le gouvernement « à trouver sans délai une solution à cette grève ».
Maître Mahfoud Ould Bettah, un des portes parole de cette coalition a déploré « l’attitude irresponsable du gouvernement face à la mort inéluctable de la plus importante entreprise du pays. Un arrêt de travail de longue durée avec des répercussions catastrophiques prévisibles sur la vie économique et sociale du pays ».
Pour le FNDU, le refus de dialoguer avec les grévistes est un signe qui ne trompe pas. Par conséquent, le dialogue politique tant attendu n’aura pas lieu tant que cette crise ouvrière ne sera pas réglée.
C’est là un coup dur pour le pouvoir en place qui s’empressait de lancer ces consultations politiques qui auraient pu servir de bouée de sauvetage à un moment si crucial ouu le pays se rapproche dangereusement du précipice.
A noter dans le chapitre des condamnations de l’attitude du pouvoir face à cette grève la réaction indignée de l’intersyndicale (USLM, CCTM, CNTM, CLTM, CGTM) qui a condamné le 8 mars dans un communiqué l’attitude de la direction de la SNIM qui continue « à s’entêter et refuse de négocier avec les représentants des salariés pour parvenir à une solution consensuelle à cette crise».
Même son de cloche du coté d’un autre pole de la société civile qui a rendu public aujourd’hui un communiqué de presse dans lequel ces organisations de la société civile : « lancent un appel pressant à l’Administration de notre principale société nationale et à l’ensemble de ses employés, les adjurant à faire preuve d’un sens plus élevé de responsabilité et de patriotisme et invitent les deux parties à entamer des négociations immédiates en vue d’une solution consensuelle, durable et juste pour sauver l’entreprise et préserver ainsi des intérêts nationaux et vitaux et demandent à l’administration de la SNIM de revenir sur les décisions hâtives prises à l’encontre des travailleurs afin de susciter un climat social apaisé en adéquation avec l’esprit du dialogue national vers lequel s’acheminent tous les acteurs nationaux. »
C’est dans ce contexte de crise que Messaoud Ould Boulkhier, président du Conseil Economique et Social, leader de l’Alliance populaire progressiste (APP), un des principaux partis politiques a déclaré le 08 mars lors d’un meeting tenue à El Mina-banlieue Ouest de Nouakchott- que : « La Mauritanie connait une situation politique grave accentuée par une crise sociale aiguë suite aux pratiques politiciennes du pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz ». Et Messaoud d’ajouter que : « Le pouvoir minimise les dossiers importants et sensibles et continue à négliger les ayants droits dans tous les domaines. »
Rappelons enfin que la Société Nationale Industrielle et Minière, spécialisée dans l’extraction du minerai de fer, est la plus grande entreprise de Mauritanie. Elle est le deuxième employeur du pays après la fonction publique.
Bakari Guèye
Source : Agence Tawary
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