Retour du réalisateur de « Timbuktu » à Nouakchott : Auréolé de 7 Césars, Sissako endosse-t-il son démarquage politique ?

Abderrahmane Sissako est revenu à Nouakchott le samedi 28 février 2015. Ses fans, parents et amis, lui avaient réservé un accueil chaleureux à l’aéroport. Certains se demandent cependant l’avenir de ses relations avec Mohamed Ould Abdel Aziz, après quelques déclarations faites à la presse internationale et dans lesquelles, il se serait démarqué de son mentor.

 

La Maison des Cinéastes, sous la houlette d’Abderrahmane Ahmed Salem, a réservé à Abderrahmane Sissako, un accueil mémorable à l’aéroport international de Nouakchott, le samedi 28 février dernier. Le réalisateur du film « Timbuktu » qui vient de rafler 7 Césars de cinéma à Paris n’a pas su cacher son émotion face à la ruée de fans, d’amis et de parents qui ont tenu à lui réserver un accueil digne des champions. L’instant d’un passage au Salon d’honneur, Sissako sentait les honneurs que lui faisait la République, submergé par une foule d’intellectuels, de journalistes et de proches qui cherchaient chacun à lui manifester son bonheur.

Passé l’instant d’euphorie, entrecoupée d’une mini victoire arrachée au Fespaco qui a décidé in fine de projeter son film, Sissako devra cependant face à la pluie de critiques qui n’ont cessé d’accompagner sa nomination aux Césars et à l’Oscar américain. Ses liens avec le pouvoir mauritanien, cloué au pilori dans le registre des droits de l’homme semblent en effet apporter un bain froid à tant de succès. D’aucuns ont même reproché au réalisateur, qui remplit les fonctions de Conseiller culturel auprès du président Mohamed Ould Abdel Aziz, certaines déclarations où il aurait tenté de se démarquer de son mentor. C’est surtout, cette déclaration rapportée par le journal « Libération » qui semble faire le plus de mal. Il aurait déclaré à ce propos, n’avoir aucune fibre partisane, soulignant « je ne suis militant d’aucun parti », allant jusqu’à préciser qu’il ne soutient personne, qu’il n’a jamais pris part à un meeting politique, toute chose qui ne pourrait lui être reproché.

Mais le clou de cette déclaration est lorsqu’il soutint « je ne l’ai jamais remercié dans aucun discours » parlant de Ould Abdel Aziz et qu’il ne fait que remplir un statut d’ambassadeur culturel, sans partager les orientations politiques pour lesquelles pourtant il travaille à son corps défendant. En cherchant à se démarquer de Ould Abdel Aziz, d’aucuns trouvent que Sissako approuverait quelque part les critiques formulées en son encontre, et ne ferait rien pour le défendre comme il est attendu de tout employé vis-à-vis de son patron. Certains trouvent d’ailleurs machiavélique qu’un acteur de la vie culturelle puisse accepter les avantages matériels liés à une fonction tout en se démarquant du pouvoir dont il reste malgré tout un pilier.

Particulièrement pris à partie par le bloggeur de mondafrique, Nicolas Beau, Sissako a été même qualifié d’être le « BHL des dunes », « l’ami des dictateurs et cinéaste à ses heures perdues ». Nicolas Beau l’accuse même d’avoir « rallié le pouvoir pour bénéficier de la logistique militaire du pays et d’un confortable traitement ». Plus grave, il est reproché à Sissako d’avoir renoncé à un film qu’il voulait faire sur l’esclavage, sous la pression de Mohamed Ould Abdel Aziz, qui lui aurait suggéré de faire plutôt un film sur le terrorisme.

C.A

 

Source : L'Authentic.info

 

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