Mauritanie : «TIMBUKTU » ou l’autre face cachée d’Abderrahmane Cissako

Le cinéaste mauritanien Abderrahmane Cissako vient d'être plébiscité triomphalement par le 40 ème César cette fin de semaine à Paris avec sept récompenses dont la meilleure réalisation. C'est le premier africain subsaharien à obtenir une telle distinction dans le septième art.

 

Mais ce triomphe d'une production franco-mauritanienne cache bien une double personnalité du cinéaste qui ne cache plus ses accointances avec le président mauritanien Ould Aziz.Pour les observateurs ce double visage est un sérieux handicap entre l'homme conseiller du président mauritanien et le professionnel du cinéma.

Secret de Polichinelle. « Timbuktu » un regard sur le Jihadisme dans cette bande sahélo-saharienne a été préféré à un film sur l'esclavage en Mauritanie.Ce choix politicien aurait été dictée par le président mauritanien Ould Aziz confronté depuis juillet 2009 à l'émergence d'une lutte anti-esclavagiste bien menée par l'IRA dont le président candidat malheureux à la dernière élection présidentielle Ould Abeid figure emblématique et aujourd'hui qui purge 2 ans de prison pour avoir manifesté contre l'accaparement des terres de la Vallée.

Ce choix gagnant en dit long si l'on se réfère au contexte actuel après les évènements de Charlie Hebdo en France et dans le monde. C'est un couronnement qui vient à point nommé et n'enlève en rien la valeur de « TIMBUKTU ».C'est la première fois qu'un cinéaste africain obtient 7 oscars.Une distinction qui honore toute l'Afrique et toute l'équipe cinématographique. Mais derrière ce triomphe planétaire se cache une double personnalité énigmatique pour les observateurs.

En effet Abderrahmane Cissako est un conseiller du président Ould Aziz. Cette accointance à la politique raciste du régime de Ould Aziz pose un sérieux problème d'éthique du métier de cinéaste.Cette dissonance entre l'ampleur de soutien aux autorités de Nouakchott et de ce que doit être la modestie du cinéma mauritanien renvoie à la question de l'engagement du cinéaste. Pas photo .Abderrahmane Cissako a choisi son camp.Ce qui explique la réaction dubitative de certains observateurs après cette haute récompense au 40ème Oscar dans la capitale française. D'autant que ce triomphe intervient au moment où presque tous les leaders de l'IRA sont en prison ainsi que plusieurs défenseurs de la diversité en Mauritanie. En se rangeant du côté du pouvoir politique Abderrahmane Cissako occulte la question nationale et l'irrédentisme des touaregs au Mali.Ce déséquilibre dans le traitement des vraies questions d'identités nationales ne sert pas l'homme cinéaste.Il n'est pas tard de se rectifier pourvu que les nouvelles intentions servent la Mauritanie ou le Mali ou le continent africain.

Bakala Kane

 

(Reçu à KASSATAYA le 22 février 2015)

 

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