Mauritanie : zone de turbulences pour la cohabitation

Le malaise cette semaine à la prison centrale de Nouakchott du numéro deux de l'IRA en attente de son procés le 19 février prochain avec 4 autres anti-esclavagistes, la condamnation de son président Ould Abeid ainsi que le président de l'Association Kawtal Djibi Sow et enfin l'appel pour sauver la Mauritanie par 5 partis politiques mauritaniens suite à ces évènements sont autant d'indices révélateurs de la difficile cohabitation entre les différentes communautés en Mauritanie aggravée par une crise politique sans précédent depuis juillet 2009.

 

Cette épine douloureuse dans le flanc de la cohésion sociale et de l'unité nationale risque de basculer le pays dans un chaos si le régime de Ould Aziz continue d'occulter un véritable débat national sur la réconciliation nationale.

Les faits sont têtus.Depuis l'investiture du président mauritanien pour son second quinquennat au cours de laquelle Ould Aziz a proféré des menaces aux extrêmismes de tout bord c'est la cohabitation qui prend un coup sérieux dès les premières heures de gouvernance avec aujourd'hui la condamnation d'un des candidats malheureux à la dernière élection présidentielle le président de l'IRA et deux autres militants anti-esclavagistes.Quatre autres militants dont le numéro deux pris de malaise cette semaine à la prison centrale et en attente d'un procés le 19 février prochain. Ould Abeid ainsi que d'autres défenseurs des droits de l'homme dont le président de l'Association « Kawtal Ngam Yellitaare » Djibi Sow sont accusés de trouble à l'ordre public alors qu'ils manifestaient contre l'accaparement des terres de la vallée du Fleuve Sénégal par le régime de Ould Aziz lésant ainsi les populations noires et en particulier des Hratins. Les manifestants entendaient promouvoir une véritable réforme agraire qui devrait rompre avec les séquelles de l'esclavage et avec une politique agricole qui donne plus de place aux investisseurs étrangers notamment arabes.

Bien entendu ces atteintes aux valeurs de la républiques aux droits de l'homme et à la liberté de manifestation ont suscité indignation et colère des partis politiques toutes tendances confondues de l'opposition.L'appel pour sauver la Mauritanie initié par 5 partis ( MPR, PLEJ,FPC,ARC EN CIEL,UNDD et ADEMA) vise à mutualiser les forces politiques progressistes. Les chefs de ces partis ouvrent ainsi au pays un débat national sur la cohabitation et de nouvelles perspectives et laissent espérer que cette épine douloureuse dans le flanc de la cohésion sociale et l'unité nationale ne soit plus occultée par le président mauritanien.C'est un indice révélateur.Les lourdes condamnations des militants pour les droits de l'homme et de la culture sont contraires à la réconciliation nationale.Le ton qui monte dans les états-majors cette semaine à Nouakchott va dans le sens du rétablissement de la justice pour tous les mauritaniens.Les autorités de Nouakchott doivent assumer leurs responsabilités en libérant sans conditions tous ces hommes de paix.

 

Bakala Kane

 

(Reçu à KASSATAYA le 16 février 2015)

 

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