Partis des côtes libyennes samedi, après avoir payé chacun 650 euros, près de 400 réfugiés africains ont, malgré les conditions météorologiques très mauvaises, pris la mer à destination de l’île sicilienne de Lampedusa. La protestation de certains d’entre eux, inquiets des conséquences du mauvais temps, a été inutile face aux passeurs armés.
Les passagers venaient pour la plupart du Mali et de Côte d’Ivoire et espéraient un avenir meilleur pour eux et leurs familles, mais leur rêve n’aura duré que quelques heures. La première embarcation a chaviré à 100 miles de l’île de Lampedusa, près du canal de Sicile. Les secours menés par les vedettes de la Marine italienne, lundi soir, ont pu sauver 76 personnes, alors que sept corps ont été découverts à bord ; 22 autres passagers sont morts de froid durant leur transport vers les hôpitaux. Les 29 cadavres ont été répartis entre les cimetières de 20 communes de Sicile.
Les recherches menées par l’armée italienne se poursuivent pour repérer la quatrième embarcation dont parlent les naufragés et pour repêcher les corps des autres naufragés qui manquent encore à l’appel.
Drames récurrents
Le porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, Carlotta Sami, a rapporté qu’en réalité il y avait quatre embarcations, selon le récit des survivants, qui ont rapporté que 460 immigrés étaient partis samedi en direction des côtes de l’Europe.
Les organisations de défense des droits de l’homme et certains partis politiques de gauche italiens accusent le gouvernement de Matteo Renzi d’être moralement responsable de ces tragédies. On lui reproche d’avoir mis fin, pour réduire le coût de ces opérations de contrôle des flux migratoires via la mer, à la mission Mare Nostrum qui permettait de sauver des vies en vertu des conventions internationales qui obligent à prêter secours aux personnes en difficulté et jugent dérisoire le nouveau plan de substitution, dénommé Triton, placé sous l’égide de Frontex, l’agence européenne pour le contrôle des frontières.
En 2014, plus de 3400 réfugiés ont péri en Méditerranée. Le commissaire européen à l’immigration, le Grec Dimitris Avramopoulos, demande à l’Union européenne de mettre en place davantage de moyens pour venir en aide à ces damnés de la mer. «Chaque vie perdue est une de trop !» dénonce celui qui, dès sa nomination, avait averti : «La meilleure stratégie pour lutter contre l’immigration illégale est de poser un cadre légal de gestion des flux migratoires et non de construire ‘‘une Europe forteresse’’.»
Nacéra Benali
3072 migrants morts en Méditerranée en 2014
Plus de 3000 migrants ont péri en Méditerranée depuis janvier 2014, soit plus du double que lors du pic de 2011, année des révoltes arabes, a indiqué l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans un récent rapport. Depuis 20 ans, traverser la Méditerranée constitue le périple le plus mortel pour les migrants irréguliers.
Depuis le début de l’année 2014, l’OIM a enregistré en effet la mort de 4077 migrants irréguliers dans le monde, dont les trois quarts — 3072 — en Méditerranée. Depuis l’an 2000, plus de 22 000 migrants ont perdu la vie
Pour la Méditerranée, «2014 est l’année la plus meurtrière», loin devant le pic de 2011, lorsque 1500 décès avaient été enregistrés (en prenant les neuf premiers mois de l’année). La majorité des migrants morts aux portes de l’Europe — par noyade, asphyxie, faim ou froid — étaient originaires d’Afrique et du Moyen-Orient, selon les statistiques publiées par l’OIM.
Rédaction internationale
Source : El Watan (Algérie)
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