Dialogue Politique : Ould Abdelaziz pris entre plusieurs feux !

Signe de frilosité personnelle ou simple constat objectif, Mohamed Ould Abdelaziz n’a pas invité au dialogue ses opposants, sans avoir au préalable procédé à un calcul politique de son ouverture vis-à-vis de ses détracteurs. Va-t-il aller jusqu’au bout de cet assainissement politique ou au contraire continue-t-il sous la poussée de ses proches à jouer au chat et à la souris ?

 

On peut qualifier le président Mohamed Ould Abdelaziz de tout  dans la démarche qu’il vient d’inaugurer par son désir de s’ouvrir à son opposition  sauf d’être dupe aujourd’hui. Malgré les expériences amères qui ont profondément cassé la confiance avec les autres acteurs politiques, le président Aziz n’a pourtant fait que réitérer un appel qu’il avait déjà lancé à l’occasion de son investiture pour un second et dernier mandat à la tête de l’Etat. Pourquoi alors ce second appel, fait en janvier 2015, a-t-il plus d’écho?

La série de scandales financiers révélée la fin de l’année 2014 et marquée par le limogeage de trois fortes personnalités au sein de l’échiquier économique et financier en dit long de la déception du président Aziz trahit par ses plus proches collaborateurs. Au trésor, aux impôts, à la BCM…on patauge dans l’affairisme alors que la législation des marchés publics n’a jamais été aussi violée.

Le président Aziz voit ainsi se vider le slogan de lutte contre la gabegie et les prévaricateurs qu’il portait en étendard. La transparence en a pris un sérieux coup au point que plus personne ne semble y miser le moindre rotin. L’équité, l’efficacité et la juste promotion des ressources humaines en fonction de la qualité est bannie dans une atmosphère où les médiocres prennent place et plus d’espaces.

La croissance mal partagée

Entretenu dans le mensonge béat, le président Mohamed Ould Abdelaziz découvre l’ampleur des dégâts dans une administration qu’il a toujours dit en « centraliser » les pratiques. Mais le grand hic, c’est que le président centraliser des données erronées que ses plus proches collaborateurs maquillaient sciemment. Ils continuent d’ailleurs de le faire. Si donc Mohamed Ould Abdelaziz s’est senti poignardé dans le dos par ceux qu’ils escomptaient lui servir de bouclier contre la prévarication, aujourd’hui il se rend à l’évidence que le slogan porté à été sauvagement écorné. Un état de fait qui confirme ce que les médias indépendants avaient toujours dénoncé. Il aura donc fallu que l’Inspection générale de l’Etat s’active et en quelques jours elle illumine les dessous des cartes. Mais le résultat est déjà effarant : plusieurs milliards d’ouguiyas partis en fumée et au mauvais moment avec la dépréciation des prix des produits à l’exportation. Par ailleurs et malgré le satisfécit des bailleurs de fonds, la croissance annoncée de 6% est mal partagée. Le dernier rapport du BIT sur le chômage en Mauritanie révèle le peu d’incidences de cette croissance sur un développement inclusif.

Finie donc le matelas de la rente des matières premières. La situation économique n’est pas des plus favorables avec le chômage en hausse notamment chez les jeunes, la montée de la contestation sociale, des prix de première nécessité et l’absence d’une politique efficiente pour juguler ces impacts.

C’est d’ailleurs et contre toute logique économique que le Gouvernement maintient haut les prix des hydrocarbures à la pompe nonobstant la chute drastique du prix du baril de pétrole (-50 Us).

C’est à un tel décor économique kafkaïen qui ne manque pas d’avoir des incidences négatives sur la vie des ménages vivant déjà pour la majorité écrasante dans une promiscuité certaine que s’arriment de profonds  débats politiques sur l’unité nationale et les inégalités sociales dans le pays, l’enrichissement insoupçonné de certains des proches du président au détriment de la communauté nationale. Il y avait déjà l’affaire Ould M’Kheittir. Il y a également l’emprisonnement de Biram et Cie. Mais il y a aussi et surtout le discours musclé du président à son investiture contre « ceux qui prêcheraient la division ». Candidat malheureux contre le président Aziz dont le parti UPR lui a pourtant produit les fameux parrainages pour se porte candidat, Biram Ould Dah Ould Abeidi était ainsi le collimateur du Pouvoir. Malgré une condamnation du bout des lèvres, les ambassades occidentales commencent à y mettre leur nez en y reniflant, peut être, une carte de pression. Les derniers développements avec la mutinerie au sein de la prison civile sont révélateurs de la déliquescence et du manque de professionnalisme sécuritaire.

Son élection contestée par l’Opposition à l’issue d’une consultation peu crédible, le président Mohamed Ould Abdelaziz réalise que malgré l’applaudimètre, la réalité du pays est difficile. Faut-il croire qu’il a pris (enfin) conscience qu’il a beaucoup plus à craindre de ses «amis» que de ses adversaires ? L’appel au dialogue résonne en tout cas comme une tentative de reprendre (dans son camp) les choses en mains. Le passage du témoin de la présidence de l’Ua lui donnera plus de latitude à la réflexion et  à l’échange politique avec la véritable opposition dans le pays.

Realpolitik

Mais entre ces feux croisés, le président Aziz devrait encore plus lucide car l’Opposition dans le pays ne lui fait pas confiance. Malgré les offres ouvertes allant jusqu’à l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle, il faudra encore beaucoup de dépassement pour baliser le terrain miné de la discussion. L’Opposition ne montre pas non plus pressée de s’engager dans une nouvelle aventure qu’elle soupçonne d’un nouvel alibi pour tenter de la prendre, aux yeux de l’opinion publique, en défaut pour justifier encore sa mise à l’écart. L’opposition doit également se dire que le pourrissement de la vie publique est dans son intérêt. Rien ne sert de courir tant que le président Aziz n’aura donné tous les gages du sérieux de sa proposition, sans toucher à la Constitution. Si Mohamed Ould Abdelaziz est aujourd’hui obnubilé par une question, c’est très certainement comment va-t-il pouvoir quitter indemne le Pouvoir ? Et à l’orée d’un second mandat, marqué par une vie tumultueuse à bien des égards, il se sentirait aujourd’hui obligé de composer avec ses adversaires. Comment et à quel prix ?

Pour l’heure et alors que le président Aziz a instruit le premier Ministre de remettre ses propositions à l’Opposition. Mais déjà les déclarations et les faits provocateurs de ses ministres semblent en déphasage avec la restauration du climat de confiance que le président Aziz dit rechercher avec son opposition. Alors va-t-on continuer de faire un pied en avant et deux en arrière? L’apaisement est le premier prix à payer pour jeter à nouveaux les ponts. Mais il y a assurément beaucoup dans le sérail du président qui cultivent et sèment la tempête…pour maintenir leurs privilèges personnels factices.

 

Jedna Deida 

 

Source : Mauriweb.info

 

 

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