Tel est le prognostic délivré par de nombreux experts tunisiens, parmi lesquels Bassel Torjman, spécialiste des affaires du Maghreb et des mouvements islamiques.
"Les changements dans la stratégie des groupes terroristes, passée de la mise en place de zones d'influence et de contrôle au lancement d'opérations par des individus isolés ou des petits groupes dans les grandes villes, entraînent une certaine confusion sécuritaire et engendrent des craintes collectives qui pourraient donner à ces groupes une chance de poursuivre leurs projets sur le terrain", a-t-il expliqué à Magharebia.
L'ensemble de la bande sahélo-saharienne est confrontée à la même menace du terrorisme et du crime transnational, souligne pour sa part le politologue Habib Souid.
"Je ne pense pas qu'un seul des pays du Maghreb puisse affirmer être en mesure de lutter à lui seul contre ces menaces, au vu de la fusion qui est en train de se produire entre les groupes terroristes dans la région", estime-t-il.
Les pays du Maghreb n'ont fait que "rêver de leur unité depuis des décennies", souligne-t-il.
Cette question de la coopération visant à contrer la menace terroriste est particulièrement sensible en Tunisie, estime le Tunisien Habib Ben Yahia, actuel secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe (UMA).
"La manière la plus rapide de répondre aux défis complexes que connaît notre pays… réside dans la coordination", avait-il déclaré en mai dernier devant les ministres maghrébins des Affaires étrangères réunis à Rabat.
Pour le politologue Noureddine Mbarki, les enjeux majeurs sont le terrorisme et les groupes radicaux.
La Libye est "devenue une destination pour les jihadistes de diverses nationalités". Le projet de Daesh "est basé sur l'expansion et la suppression des frontières", et al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et Daesh sont engagés dans une rivalité féroce. Tout cela vient encore accentuer l'urgence de la crise", explique-t-il.
"Cette menace et les enjeux sont extraordinaires", ajoute-t-il, soulignant que la solution passe par "la coopération régionale entre les agences de sécurité et de renseignement".
"Aujourd'hui, les trafics doivent être traités dans le cadre du dossier du terrorisme, et non plus comme un dossier à part, car nous avons désormais acquis la certitude que "l'économie" de ces groupes est basée sur les trafics", ajoute-t-il.
Samira Kadoura, spécialiste des affaires criminelles, appelle pour sa part à la mise en place d'une "instance policière maghrébine" destinée à répartir les informations entre les différentes agences de sécurité nationales.
"La Libye est devenue une base d'entraînement et le point de départ de tous les groupes terroristes, des narcotrafiquants et des trafiquants d'armes", explique-t-elle.
"Il est urgent de mettre en place un plan conjoint pour gérer les conséquences de la crise libyenne dans toute la région", conclut-elle.
Jamel Arfaoui
Source : Magharebia (Le 27 janvier 2015)
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