Les caricatures de Charlie Hebdo et la grande marche de ferveur organisée vendredi 16 janvier dernier comportent, selon plusieurs observateurs, les germes d’un assombrissement attendu dans les relations entre la Mauritanie et l’ancienne métropole, un sentiment de rupture qui toucherait d’ailleurs d’anciens pays satellites, comme le Sénégal, le Niger…
Les déclarations du président Mohamed Ould Abdel Aziz, lors de son harangue face à des foules surexcitées le vendredi 16 janvier dernier, constitueraient une « belle » gifle à la France, selon plusieurs analystes. « C’est la plus grosse baffe infligée à l’ancien colonisateur sur le continent africain depuis la guerre contre l’Islam et les musulmans » fait remarquer un ancien éditorialiste du journal disparu « Le Temps ». Mohamed Ould Abdel Aziz avait en effet boycotté la grande marche de Paris, dimanche 11 janvier, et à laquelle avaient pris part plus d’une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernements, dont des Africains et des Arabes. Il a justifié son absence et le fait qu’aucune autorité mauritanienne ne s’y était faite représentée, par le fait qu’il n’assistera pas, ni en tant que président de la République, ni en tant que simple citoyen, à une manifestation où les musulmans, l’Islam et ses symboles seront bafoués.
« Tant que le rassemblement de Paris était dédié à la lutte contre le terrorisme, nous avons exprimé notre solidarité, mais une fois que cette mobilisation a été transformée en colloque des méchants pour soutenir un journal qui combat Allah et son Prophète, il a dit aux Français qu’il n’assistera pas à un rassemblement où l’on dénigre l’Islam » a commenté un jeune Imam, frais émoulu de l’école des Ulémas de l’érudit Ould Deddew. Selon ce jeune prêcheur, « Ould Abdel Aziz s’est fâché pour Allah, a refusé de violer les limites permises, et de soutenir la fausse lutte contre le terrorisme qui prend pour mobile l’inimitié envers l’Islam ».
Ce que l’opinion semble avoir retenu comme signe d’une probable dégradation des relations entre Nouakchott et Paris, le fait que Mohamed Ould Abdel Aziz ait écouté avec ferveur, la déclaration du représentant des Imams lors du rassemblement devant la présidence de la République. Ce dernier s’en était pris vertement à la France, demandant aux autorités mauritaniennes de convoquer son ambassadeur pour protestation contre les agissements de son pays et l’offense faite aux musulmans.Certains cercles très hostiles à la France n’ont pas tardé à magnifier la geste de Aziz, rappelant à ce propos l’onomatopée de l’ex-président de l’Assemblée National, Messaoud Ould Boulkheïr, lorsqu’il avait lancé aux journalistes venus s’enquérir de l’état de santé de Mohamed Ould Abdel Aziz lors de son hospitalisation à Paris, « Taz bil Varança ! » Pour ces cercles de plus en plus larges de la population mauritanienne, qui vouent une haine viscérale à la France, « cette ancienne puissance colonisatrice, arrogante dans ses rapports avec le pays, s’est assez immiscée comme ça dans nos affaires intérieures ! »
D’autres trouvent que la France n’a qu’à choisir, entre son sacré saint droit à l’offense religieuse et ses bons rapports avec les peuples et les pays musulmans. Pour ces deniers, les évènements survenus à Dakar et au Niger, doivent sonner l’alarme sur la portée d’une liberté d’expression dérisoirement tournée à l’humour sarcastique par un journal dont le fonds de commerce est l’offense aux religions.
Ahmed B.
Source : L"Authentic.info
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