Tenue à Nouakchott, les 19 et 20 janvier 2014, sous le haut patronage de Mohamed Abdel Aziz, president en exercice de l’Union Africaine, la rencontre marque un tournant majeur pour un secteur des pêches au poids socio-économique réel mais extraverti. «C’est un secteur potentiel pour un pays qui abrite l’une des côtes les plus poissonneuses du monde. Il est cependant paradoxal que la pêche ne pèse qu’une part infime du PIB», déclare à Financial Afrik le ministre mauritanien des Affaires Economiques et du Développement, Sidi Ould Tah.
L’engagement de la Mauritanie, faite par le président de la République en personne, constitue «un signal fort» de l’avis du Prof Peter Eigan, président fondateur du conseil consultatif de Transparency International. “L’Afrique est extrêmement riche mais ses ressources ne sont pas bien gérées. En tant que membre Transparency International et de l’African Progress Panel (NDLR: Think Tank présidé par l’ancien secrétaire général de l’ONU, Koffi Hannan), nous considérons que l’initiative pour la transparence n’est pas seulement une affaire de leadership et de leaders. La société civile doit aussi s’engager ainsi que tous les acteurs concernés afin que les compagnies déclarent ce qu’elles payent et les gouvernements déclarent ce qu’ils reçoivent.”
La conférence qui a débouché sur la déclaration de Nouakchott était l’occasion pour les panelistes de faire le point sur le bilan d’étape de l’initiative ITIE sur le continent. Avec désormais 34 pays africains adhérents au mécanisme pour la Transparence des industries extractives dont 17 ayant achevé la phase de l’auto-évaluation, l’Afrique enregistre des progrès remarquables. «Le taux d’impôt fiscal par rapport au PIB est passé de 9% il y a quinze ans à 17,5% aujourd’hui», déclare Vera Songwe, directrice régionale de la Banque mondiale en poste à Dakar. «Il s’agit cependant d’un progrès qui ne doit pas nous faire oublier qu’entre 20 et 40 milliards de dollars s’évaporent sous forme de flux financiers illicites et que seuls 32% du continent ont accès à l’électricité” poursuit la représentante de la Banque Mondiale qui salue la décision de la Mauritanie d’inclure la pêche dans le processus ITIE.
Cet engagement de transparence sur le secteur de la pêche constitue un signal pour les pays africains membres de la Commission Pêche basée à Dakar et en étroite collaboration avec la Banque Mondiale. Pour rappel, ce sont 20 à 25 pays africains qui sont concernés par l’enjeu de la protection des ressources halieutiques, de leur saine exploitation et de leur valorisation. En attendant une véritable OPEP de la pêche, la déclaration de Nouakchott servira de métronome pour cette question essentielle de la transparence de la gestion des ressources halieutiques en Afrique.
Source : Financial Afrik
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