Niger : les émeutes contre Charlie Hebdo ont fait cinq morts à Niamey

Le calme est revenu dans la capitale nigérienne dans le milieu de l'après-midi, après les violentes manifestations contre le journal satirique Charlie Hebdo. Cinq personnes ont été tuées, une vingtaine de lieux de cultes chrétiens ont été brûlés. Le ministère des Affaires étrangères français a condamné dans la soirée le recours à la violence.

 

Le calme est revenu en milieu d'après-midi dans le centre-ville de Niamey, autour de la grande mosquée, d'où sont parties les violentes manifestations. Sur certains carrefours, des jeunes en colère étaient toujours visibles, pierres et gourdins à la main, prêts à en découdre avec les forces de l'ordre, qui ont perdu déjà deux véhicules complètement brûlés.

Le bilan des violences à Niamey s'élève à cinq morts, a indiqué le président nigérien Mahamadou Issoufou dans un discours à la nation, samedi soir. Quatre personnes ont péri dans des incendies d'églises, et une autre dans un bar, a précisé le chef de l'Etat.

La chasse aux églises s'est poursuivie durant une bonne partie de la journée. Beaucoup d'entre elles, notamment l'église Saint-Augustin de Niamey, en périphérie, sont parties en fumée. Au total, une vingtaine de lieux de cultes et églises chrétiens ont été incendiés. Sur la cinquantaine d'églises à Niamey, très peu sont aujourd'hui en bon état. Quant à la principale cathédrale de Niamey, elle a été très tôt sécurisée par les forces de sécurité et les prêtres évacués en lieu sûr, selon des sources proches de l'église.

Les dégâts les plus importants ont été occasionnés par des groupes de jeunes à moto, transportant des cocktails Molotov, jetés ensuite dans les églises, dans les bars, restaurants et hôtels.

Au même moment, des appels au calme ont été lancés par le Premier ministre en mission dans cette ville frondeuse. Il était accompagné de grands chefs religieux musulmans du Niger. A la télévision publique, une vingtaine d'oulémas a également appelé à retenir l'expression de violences. « N'oubliez pas que l'islam est contre la violence. J'appelle hommes et femmes, garçons et filles, à se calmer. Les actions de destruction ne sont pas cautionnées en islam », a ainsi exhorté le prédicateur Yaou Sonna.

Le président Issoufou appelle au calme

Un appel qui semble être entendu au vu du calme qui semble être revenu dans toutes les régions du pays. Le président de la République Mahamadou Issoufou s'est adressé à la nation dans la soirée :

« Ce qui s’est passé chez nous, hier à Zinder, et aujourd’hui à Niamey, nous interpelle. Ces églises qui sont brûlées, pouvons-nous accepter qu’elles le soient au nom de notre religion ? De quels torts sont coupables les églises et les chrétiens du Niger ? Ceux qui pillent ces lieux de culte, qui les profanent, qui persécutent et tuent leurs compatriotes chrétiens ou les étrangers qui vivent sur le sol de notre pays, n’ont rien compris à l’islam. Mes chers concitoyens, nous condamnons ces agitations, déplorons les pertes en vie humaine et le nombre élevé de blessés aussi bien du côté des manifestants, des citoyens innocents, que du côté des forces de l’ordre dont je salue le le sang-froid, le courage et le professionnalisme. »

Le président nigérien a donc fermement condamné les violences, mais il a aussi tenu à faire une mise au point et à s'expliquer sur sa participation dimanche dernier à la grande marche républicaine organisée à Paris après les attentats. Et il indique partager l'indignation exprimée contre la publication de la caricature du prophète en Une du dernier Charlie Hebdo.

Par ailleurs, la France « condamne le recours à la violence aujourd'hui à Niamey, hier à Zinder (sud) » et « exprime sa solidarité avec les autorités du Niger », a déclaré le chef de la diplomatie Laurent Fabius dans un communiqué. Et l'ambassadeur de France à Niamey conseille aux quelque 2 000 ressortissants français au Niger de rester chez eux.

Exaspération sociale ?

Mais pour certains, cette explosion de violence n'est pas seulement due à l'affaire des caricatures de Charlie Hebdo. Il y a un contexte de malaise social au Niger. Pour Ali Idrissa, coordinateur national du Rotab (Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire), une organisation de la société civile, les autorités ont leur part de responsabilité.

 

Source : RFI

 

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