Dans cette liberté à géométrie variable, dites aussi aux « Charlie » !

C’est cette conception abusive de la liberté sous-tendue par la conviction, oh ! Combien infondée d’être dépositaire de la vérité absolue et d’une mission civilisatrice divine qui avait, par le passé, poussé l’Europe à coloniser et réduire en esclavage des civilisations autochtones millénaires.

 

Expliquez-moi, messieurs les législateurs français comment avez-vous pu faire d’un acte antisémite un délit pénal, ce à quoi je souscris par ailleurs,  alors qu’une agression islamophobe des plus insultantes n’attire la moindre réprobation, bien au contraire, elle est magnifiée jusqu’au plus haut niveau. (cf. les caricatures du Prophète Mohamed-psl par Charlie Hebdo). Nul ne peut contester à un état son droit légitime de qualifier les atteintes aux personnes du fait de leur religion, de leur genre, de leur appartenance raciale… de délit pénal. Mais l’on ne peut, sous le couvert de cette même laïcité et de ce même droit qui en découle, appliquer de manière discriminatoire ce principe selon qu’il s’agisse d’une communauté ou d’une autre.

L’antisémitisme est inacceptable et doit être combattu avec la plus grade sévérité mais sa répression doit, sous peine de perdre sa justification, impliquer une mesure similaire à l’endroit de toutes les autres communautés s’identifiant à travers une religion ou toute autre référence morale en tenant lieu. Les français sont un grand peuple et la France a toujours été une terre de grande culture et une référence intellectuelle dans tous les domaines, pour cette raison, elle ne peut ne pas avoir analysé et identifié les raisons de la dérive de sa jeunesse marginale. Une accumulation de frustrations liée à une inégalité congénitale des chances qui a fini par creuser un fossé inimaginable entre les communautés nationales. Livrés à l’ignorance, au chômage et à une stigmatisation à ciel ouvert les jeunes laissés à l’abandon se sont lancés dans la petite délinquance, ensuite dans le banditisme pour maintenant sombrer dans tout ce qui peut sembler leur offrir une opportunité de se venger contre ceux qui ont fait d’eux ce qu’ils sont aujourd’hui, c'est-à-dire rien. Le terrorisme jihadiste existe bel et bien mais n’eut été ce terreau qu’a constitué l’abandon et la dérive de la jeunesse des banlieues il n’aurait pas eu autant d’emprise en France. Le problème est d’abord interne, un problème de justice, d’intégration et aucune solution ne saurait y venir à bout si l’on ne s’attaque pas au problème social franco-français. En lieu et place pour les décideurs d’une recherche de solution, nous assistons depuis quelques décennies à une guerre ouverte contre les français « greffés » : Chômage endémique, contrôles au faciès, humiliations publiques, faillite des systèmes scolaires, blocage dans l’accès aux grandes écoles et même à l’enseignement universitaire… Ainsi d’année en année les frustrations se sont accumulées, la stigmatisation et le racisme ont atteint leur paroxysme, installant ainsi une haine et une méfiance viscérales entre une France de souche et cette autre France périphérique. Là est le problème et pas ailleurs, hormis la solution du front national proposant de jeter tous les  bougnouls  et les négros au-delà de la Méditerranée, point de salut en dehors d’une saine et franche politique d’intégration et d’une justice sociale réelle.

Il faut certes faire face au phénomène ponctuel, mais il ne faut pas s’attaquer aux conséquences en ignorant volontairement les causes sus-énumérées car cela ne mène nulle part. Voilà le chantier de la problématique, il est avant tout français, toutes ces dérives dramatiques n’en sont que les tristes conséquences.

Etre ou ne pas être Charlie n’est pas le problème, le vrai problème c’est de dire à Charlie qu’il n’est pas seul dans ce monde et que la paix, la fraternité, la communion des peuples et des civilisations ne peuvent être bâties que sur la base du respect des valeurs de chacun. Les valeurs de ces femmes et hommes c’est entre-autres fondements, ceux leurs croyances, leurs règles morales de vie et de partage dans un respect consenti.

Dire aussi à Charlie que le propre de l’être pensant est d’avoir la capacité de savoir que la liberté est un espace balisé et qu’en violant les fondements sur lesquels la vie toute entière de l’autre est construite, il n’exprime pas sa liberté, il agresse cet autre au plus profond de ses convictions et de son être.

Pour toutes ces raisons, nous ne pouvions imaginer que cette France qui a une connaissance profonde des mondes arabes et musulmans puisse, après que la communauté internationale entière se soit solidarisée  avec elle dans le deuil et la dénonciation du crime, nous rééditer l’injure de la caricature du Prophète Mohamed (psl).

Je salue au passage l’attitude digne de la presse anglo-saxonne qui s’est abstenue de se joindre à l’arrogance et au mépris de nos valeurs les plus sacrées de cette autre presse vulgaire et sans repères moraux. Toute mon admiration à ces grands dirigeants qui ont refusé de se joindre à une marche où les caricatures insultantes du Prophète Mohamed (psl) pendraient au-dessus de leurs têtes, je veux nommer le Président MOHAMED Ould ABDEL AZIZ et SA MAJESTE le Roi MOHAMED VI,  puisse Le Tout Puissant leur rendre tout le bénéfice de leur clairvoyance et de leur sagesse.

Merci à ce grand Président tout de mesure et de lucidité qu’est BARAK OBAMA de s’être abstenu de se joindre à l’injure faite à l’UMMA Islamique.

Ceci dit, nous réitérons notre ferme condamnation des assassinats de Charlie Hebdo et de l’Hyper cacher, rien, alors absolument rien ne peut justifier que l’on ôte la vie à un être humain.

Nous compatissons à la douleur des proches de toutes les victimes, condamnons la terreur sous toutes ses déclinaisons et évaluons à son plus haut niveau la valeur de la vie.

Par Houssein BABY

bhoussein@gmail.com

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A Lire à titre de complément d’information

 

20 minutes : 15.01.2015 -06H10

 

 «Je t’en veux vraiment Charb. Paix à ton âme.» Dans sa chronique hebdomadaire dans le Nouvel Observateur, Delfeil de Ton, ancien de Hara-KiriHara-Kiri Hebdoet l’un des fondateurs de Charlie Hebdo, s’en prend à son ancien collègue, assassiné.

«Je vais être désagréable avec Charb. Il était le chef. Quel besoin a-t-il eu d’entrainer l’équipe dans la surenchère?», écrit encore Delfeil de Ton, 80 ans, qui a quitté l’hebdomadaire en 1975, puis une nouvelle fois en 1992, quelques mois après le lancement du «nouveau» Charlie.

«Charb qui préférait mourir et Wolin qui préférait vivre»

Il cite ainsi les paroles de Wolinski, lui aussi tué le 7 janvier, au moment où le journal avait été incendié en 2011: «Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C’est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d’années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il fallait pas le faire.» Delfeil évoque «Charb qui préférait mourir et Wolin qui préférait vivre.»

La chronique a indigné une partie de la rédaction, ainsi que Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo. Selon Le Monde, celui-ci aurait envoyé un texto «scandalisé» à Matthieu Pigasse, l’un des actionnaires du Nouvel Observateur: «Charb n’est pas encore enterré que L’Obs ne trouve rien de mieux à faire que de publier sur lui un papier polémique et fielleux», aurait-il regretté, concluant «Je refuse de me laisser envahir par de mauvaises pensées, mais ma déception est immense».

Le directeur du Nouvel Observateur, Mathieu Croissandeau assume la publication de la chronique, «après débat»: «dans un numéro sur la liberté d’expression, il m’aurait semblé gênant de censurer une voix, quand bien même elle serait discordante», déclare-t-il au Monde.

 

(Reçu à Kassataya le 16 janvier 2015)

 

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