Dossier du Sahara Occidental : La Mauritanie entre le marteau algérien et l’enclume marocaine

S’il y a un dossier géopolitique où la Mauritanie est condamnée à jouer au fin équilibriste, c’est bien celui du Sahara Occidental. Dans cette grosse affaire, le sacro-saint principe de neutralité de la Mauritanie est souvent balayé par des contingences d’ordre interne, faisant souffler tantôt la braise, tantôt le glaçon, dans ses relations avec le Maroc et l’Algérie.

 

 

Dernièrement, le Front Polisario aurait exprimé son insatisfaction par rapport au peu de soutien que lui apporterait le régime de Nouakchott.

 

Des sources journalistiques ont rapporté il y a quelques jours les propos d’un haut responsable du Front Polisario qui souhaiterait que la Mauritanie prenne une position encore plus osée dans son soutien à la cause sahraouie, notamment après la dernière sortie du Roi du Maroc, Mohamed VI, qu’il qualifie de fuite en avant, l’accusant d’avoir sabordé toutes les initiatives tendant à la résolution juste et paisible du conflit au Sahara Occidental.

Dans les propos du responsable sahraoui jaillissaient des menaces belliqueuses quant à une possible reprise des hostilités avec le Maroc. Selon lui en effet, « les Sahraouis conservent encore intact leur armement de guerre et sont prêts à se battre pour recouvrer leur territoires usurpés », rappelant le droit des peuples à l’autodétermination.

La Mauritanie qui a été partie prenante dans la guerre du Sahara à côté du Maroc dans les années 70 s’était retirée du conflit après le coup d’état de 1978 contre Mokhtar Ould Daddah. Depuis, les différents régimes qui se sont succédé, se sont évertués à afficher une neutralité souvent biaisée dans ce dossier. Mis à part le règne de Ould Haidalla qui avait pris ouvertement part pour les Sahraouis, au cours de son court règne, entre 1981 et 1984, les observateurs s’accordent à reconnaître que la Mauritanie a plus ou moins toujours pris une position médiane par rapport au conflit entre l’Algérie et le Front Polisario d’une part et le Maroc de l’autre.


Pour les Sahraouis, la Mauritanie devait adopter une position plus partisane et plus positive dans le conflit au Sahara. Selon eux, la mauvaise volonté du Maroc à se conformer aux résolutions des Nations Unis et sa mauvaise foi à se plier à une résolution équitable du dossier, devait l’y inciter.

Les Marocains restent quant à eux persuadés que le litige concerne en réalité leur pays et l’Algérie et que les Sahraouis qui réclament une prétendue indépendance ne sont en réalité que des otages du pouvoir algérien qui cherche une ouverture sur la façade atlantique.

Reste que la position de la Mauritanie par rapport au dossier du Sahara Occidental est passée par plusieurs étapes, la guerre ouverte d’abord, puis l’accord de paix signé le 5 août 1979 à Alger et par lequel la Mauritanie renonçait à toute prétention territoriale sur le Sahara. En 1984, la Mauritanie reconnaît la République Arabe Sahraoui Démocratique (RASD) marquant la brouille diplomatique avec Rabat. Pour le Maroc, la position mauritanienne est passée d’une neutralité positive à négative, voyant d’un mauvais œil sa nouvelle alliance avec le Front Polisario et l’Algérie. Avec Ould Taya, les relations diplomatiques avec le Maroc vont certes reprendre, sans pour autant que la Mauritanie ne retira sa reconnaissance à la RASD. Seulement, le Maroc se suffisait des positions plus favorables de la Mauritanie par rapport à ses thèses.

Jusqu’en 2007, les relations entre la Mauritanie et le Maroc ont été qualifiées de bonnes. Le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi parlera en son temps de la « solution consensuelle » qui devra prévaloir dans le règlement du conflit au Sahara, soulignant l’intérêt que la Mauritanie porte à cette question. C’est sous le règne de l’actuel président Mohamed Ould Abdel Aziz que les relations avec le Maroc vont de nouveau se détériorer, avec le renforcement de l’axe Nouakchott-Alger au détriment de l’axe Nouakchott-Rabat. Comme pour exacerber davantage la tension, Ould Abdel Aziz ira même jusqu’à recevoir plusieurs émissaires de la RASD au moment où des ministres marocains en visite à Nouakchott se faisaient refusé des audience au Palais présidentiel. Une position qui tranche par le déséquilibre apporté dans la balance des rapports équidistants de la Mauritanie par rapport aux acteurs du conflit, poussant même des parlementaires de la majorité présidentielle à soutenir publiquement la thèse sahraouie pour l’indépendance. Récemment une délégation de parlementaires mauritaniens invités à Tindouf a exprimé cette position.

Cheikh Aïdara

 

Source : L'Authentic.Info

 

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