Mauritanie : La faillite de l’Etat fait le lit d’un repli identitaire sans précédent

En lisant aujourd'hui sur Kassataya un article de Ould Oumeir, le moins qu"on puisse  dire, très inquiétant sur les surenchères verbaux  entre extrémistes dans le pays, j'ai jugé utile de  republier cet article qui date il y a à peine moins de trois mois.

 

Après les arrestations provocatrices des dirigeants de l'IRA, et chaque jours qui passe, avec avec son lot de mauvaises nouvelles, on ne peut que s'inquiéter sur l'avenir de ce pays.

Mauritanie:  La faillite de l’État fait le lit d'un repli identitaire sans précédent.

Il est vrai que l'unité nationale, depuis l'indépendance, est demeurée un slogan creux, une formule vaseuse  rabâchée à tour de rôle sans conviction par la quasi-totalité des pouvoirs qui ce sont succédés. Et elle est encore aujourd'hui une équation sans un véritable  début de solution- malgré les événements des années 66 et la période sombre des années 89-90-91 où la communauté négro-africaine avait subi les crimes les plus odieux –

Mais Jamais ce pays n'avait atteint ce seuil très inquiétant et où une perspective réelle de son démembrement semble se dessiner si on n'y prend garde.  Désormais, chacune de nos différentes composantes nationales- raciale, tribale, ethnique, et  chaque classe sociale d'une même composante nationale, d'une même tribu, d'une même ethnie- proclame son identité propre, se sanctuarise,  cherche à se défendre ou se protéger parfois contre les autres, dénonce son exclusion, dénonce la discrimination dont elle est victime et réclame ses droits…  -tout cela dans une vision absolue-, de sorte que l'État-nation qui fut un rêve est devenu aujourd'hui tout simplement une illusion ou un chimère dans ce pays.

Lorsque l'Etat protecteur de l'unité nationale devient, le fossoyeur, la source destructrice  des fondements même de celle-ci, alors le chaos n'est plus très loin. La Mauritanie vit en effet une inquiétante période d'incertitude sur son avenir, son unité est mise à rude épreuve et avec la complicité manifeste du pouvoir en place.

Après plus sept ans de règne du régime de Ould Abdel Aziz, La situation du pays est tout simplement catastrophique à tous égards:

La Mauritanie est l’un des pays les plus pauvres au monde. Plus de 42% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et où le taux de chômage atteint au moins 30%, trouver un travail tient de la gageure.  Elle se classe au 153ème rang des 177 pays évalués par l’Indice de développement humain publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

L'ampleur de la gabegie est ahurissante, aucun secteur n'est épargné: du Ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie; en passant par le Ministère de l’Équipement, le Ministère des Finances et des Impôts, et la liste n'est exhaustive- Voir le détail dans le Mémorandum sur la gabegie du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz publié par le FNDU le 30 juillet dernier (30/07/2014)-

L'insécurité est devenue le lot quotidien des populations – vols, violes, assassinats…-, et désormais aucune localité du pays n'est épargnée. Le désespoir est tel, le phénomène de suicide a connu un bond sans précédant (phénomène qui était très rare dans ce pays): "dans son dernier rapport sur le suicide publié le 4 septembre dernier, l’Organisation Mondiale de la Santé Dans cette étude d’une centaine de pages, la Mauritanie occupe la sixième place à l’échelle arabe avec 2,9 pour 100.000 habitants, devant la Tunisie (2.4), la Libye (1,8), l’Égypte (1,7) et l’Arabie Saoudite, le pays le moins touché avec 0,4 pour 100 000 habitants".

 En plus de la gravité de l'insécurité à Nouakchott,  il est insoutenable de constater qu'il  suffit de quelques millimètres de pluie, pour que les rues de la  Capitale se transforment en lacs d'eau et boueux, puants, et où la saleté et les ordures sont étalées presque dans tous les quartiers et à ciel ouvert, mettant en dangers la santé et la vie des populations déjà en situation de précarité.

Puis quoi penser de cette  idée " gabegique " et saugrenue qui a conduit le pouvoir à aller construire une ville fantôme "Chami"  à quelque kilomètres de Nouakchott à un coût de plus de quatorze milliards ouguiya, alors que la Capitale est dans un état désastreux. De plus selon les experts avec beaucoup moins sept milliards de dollars, Nouakchott peut être sécurisée sur le plan environnemental et la rendre une ville vivable.

Les injustices, les discriminations voire des pratiques racistes et esclavagistes touchent la grande majorité de la population. Ce ne sont certainement pas les structures  créées pour la propagande et la consommation internationales qui pourront venir au bout de ces pratiques dramatiques.

Cette situation générale gravissime doit alerter chaque citoyen, chaque patriote et nous devons nous mobiliser et agir rapidement pour conjurer cette situation catastrophe qu'encourt  notre pays.

Mais simplement  nous ne devons pas perdre de vue ou ignorer que les  pays où le chaos règne aujourd'hui- en Somalie, en Libye, en Centre-Afrique,… – leurs peuples sont aussi respectables, aussi paisibles que le notre. Ils n'ont jamais imaginé un instant vivre un tel cauchemar et pourtant ils endurent dans leur chair ce désastre malgré eux, -pour ceux d'entre eux qui échappent encore à la mort-.  Le seul tort de ces peuples est qu'ils étaient dirigés par des pouvoirs dictatoriaux et/ ou mafieux et qui ce sont écroulés laissant derrière eux  chaos, larmes et  désolation.

 

Maréga Baba/France

 

(Reçu à Kassataya le 15 novembre 2014)

 

 

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