Le Sahel repense sa stratégie sécuritaire

Alors que les attaques terroristes lancées contre les soldats du maintien de la paix au Mali se multiplient, les pays contributeurs à cette force onusienne viennent de se réunir au Niger voisin pour tenter de trouver une réponse.

Cette rencontre de deux jours à Niamey, qui s'est achevée mercredi 5 novembre, s'est également penchée sur la question du triangle frontalier entre le Mali, la Libye et le Niger.

Le Niger vient tout juste de découvrir le danger de l'insécurité à ses frontières. Douze personnes, militaires et civils confondus, ont été tuées le 30 octobre lors d'attaques lancées par des terroristes qui avaient franchi la frontière en provenance du Mali.

 

Lors de la rencontre de cette semaine au Niger, les représentants de l'Algérie, de la Mauritanie, du Conseil de sécurité des Nations unies, de l'Union africaine, de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et d'autres instances régionales ont travaillé à formuler de nouvelles recommandations concernant la situation sécuritaire dans la région.

Ils se sont également penchés sur la coordination entre les troupes maliennes, onusiennes et françaises et ont étudié les moyens de renforcer les capacités opérationnelles et de collecte de renseignements de ces troupes.

"Cette réunion aidera à trouver les voies à suivre et les stratégies à mettre en œuvre pour faire face efficacement à la situation et la surmonter", a déclaré le général Jean Bosco Kazura, commandant rwandais en charge de la force des Nations unies baptisée MINUSMA.

Lors de la cérémonie d'ouverture, le major-général Seyni Garba, chef d'état-major de l'armée nigérienne, a souligné que cette réunion intervenait "à un moment particulier marqué par la dégradation de la situation sécuritaire, avec notamment la recrudescence des attaques terroristes contre les positions des troupes de la MINUSMA".

"Ces attaques ont récemment coûté la vie à neuf soldats nigériens dans la région de Gao, à un soldat sénégalais dans la région de Tombouctou, et à un soldat français la semaine dernière", a-t-il poursuivi.

"Une grande capacité de nuisance"

"Cela confirme que les groupes terroristes, même chassés et vaincus, conservent encore une grande capacité de nuisance et constituent une menace pour la stabilité du Mali et de toute la zone du Sahel", a-t-il ajouté.

Pour sa part, le général malien Gabriel Dioupougou a évoqué "le contexte sécuritaire préoccupant malgré les efforts déployés par la communauté internationale".

"Cette situation peut remettre en cause les acquis, notamment le processus de négociation en cours sous la médiation de la République algérienne démocratique et populaire", a ajouté cet officier malien.

"Cette réunion de Niamey vient pile à son heure, compte-tenu de la recrudescence des attaques contre les soldats de l'ONU", souligne quant à lui Ntolé Kazadi, le représentant de l'Union africaine, ajoutant que son organisation "tient à promouvoir une stratégie contre l'extrémisme".

Les analystes ont également fait part de leurs inquiétudes concernant le retour des jihadistes au Mali.

"Les terroristes refont surface au Nord-Mali, où ils parviennent à se fondre facilement dans la population", explique Sidati Ould Cheikh, spécialiste du terrorisme. "Ils s'adaptent aussi au contexte nouveau marqué par une présence militaire massive."

"Aujourd'hui, on voit de plus en plus d'opérations kamikazes menées à moto. Et nous voyons de plus en plus de motos venir du sud et des pays limitrophes du Mali. C'est devenu un moyen très usité par les jihadistes", ajoute-t-il.

Jidou Ould Sidi, spécialiste des questions de sécurité, reconnaît que les islamistes armés sont de retour dans le nord du Mali.

"Il ne se passe plus une semaine sans que les unités de la MINUSMA ne soient victimes d'attaques sanglantes", explique-t-il. "Ces attaques pourraient s'expliquer par le manque de coordination des forces sur le terrain et les conditions difficiles dans lesquelles elles doivent opérer."

Selon l'analyste nigérien Oumar Hamidou, "entre le 1er septembre et le 9 octobre 2014, les Casques bleus ont été victimes d'au moins six événements majeurs : explosions de mines, embuscades, attaques à la roquette. La raison principale de cette recrudescence de la violence dans le nord du Mali est la réorganisation des mouvements jihadistes après l'Opération Serval en 2013-2014."

"Chassés du nord du pays par l'armée française en 2013, ces groupes se sont fondus dans la population (comme le MUJAO dans la région de Gao), ou repliés en dehors du Mali (Mauritanie, Algérie, Niger et surtout sud-ouest de la Libye)", explique-t-il.

 

[AFP/Habibou Kouyate] Des Casques bleus portent les cercueils des neuf soldats de l'ONU abattus le mois dernier par des jihadistes au Mali.)

 

Bakari Guèye à Nouakchott pour Magharebia

 

Source : Magharebia.com

 

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