Fermeture de la frontière par le Sénégal : Condé a la pomme toujours amère

"Ils (les Sénégalais) nous ferment leurs frontières alors que c’est nous qui les nourrissons…"

Alpha Condé a du mal à avaler la pilule. Depuis la fermeture de ses frontières avec la Guinée, le Sénégal est pointé du doigt par Conakry qui met en exergue le manque de solidarité de Dakar.

 

Ce week-end, il a encore dénoncé cette décision en regrettant que des fruits pourrissent dans les vergers. 

Alpha Condé croque difficilement cette… amère pomme. Le Président guinéen est toujours rongé par la décision de Dakar de fermer ses frontières avec Conakry à cause des ravages du virus Ebola en Guinée. «Ils (les Sénégalais) nous ferment leurs frontières alors que c’est nous qui les nourrissons. Laissons-les. Ne les insultons pas et ne les en voulons pas. Nous sommes des panafricains. La Guinée a aidé l’Afrique du Sud, Mandela a fait sa formation à Kindia. Nous avons aidé l’Angola, la Guinée-Bissau. Et nous continuerons à aider toute l’Afrique», regrette le Président Guinéen sur le site Visionguinee.info. 

Il l’a mauvaise plusieurs mois après cette décision de l’Etat du Sénégal. Et cette aversion ressort pratiquement dans toutes ses sorties médiatiques. Il a tenu ce discours à Kamsar où il était en tournée économique ce week-end. Sous ses yeux suppliciés, il constate une avalanche de pommes qui pourrissent entre les mains des producteurs. Le fil de camions, qui chargeaient les fruits pour les déverser au marché Sindica de Pikine, sont un lointain souvenir rappelant un âge d’or suspendu par la propagation du virus Ebola. Cette situation fait perdre la banane à des millions de personnes. «Les femmes ont récolté de la pomme de terre à Timbi Madina et à Mali. Elles vendent leurs produits au Sénégal. Aujourd’hui, ces produits pourrissent en Guinée», regrette Alpha Condé.

«On nourrit les Sénégalais»

Face à ce péril, il a décidé de promouvoir des unités de production sur le sol guinéen en promettant «d’ici à la fin de l’année des travaux de construction d’une usine à Mamou». «Nous allons transformer sur place notre pomme de terre en chips et en purée. On ne va plus rien exporter. Que ça soit les pommes de terre, les fruits, les légumes», a promis le chef de l’exécutif. «Nous allons consommer ce que nous produisons. Nous consommerons notre huile de palme sans l’exporter ailleurs», ajoute-t-il en réitérant sa reconnaissance aux pays solidaires à la Guinée durant cette période d’épidémie d’Ebola.
 

Ces sorties sont un marqueur sur les relations diplomatiques entre les deux pays. L’affaire Mamadou Alpha Diallo, Guinéen qui a importé Ebola au Sénégal, avait creusé davantage la fracture entre les deux pays. Les autorités guinéennes avaient éconduit l’avion qui l’avait ramené chez lui après sa guérison. Les deux chefs d’Etat s’étaient «retrouvés autour de l’essentiel» après une discussion téléphonique. Ce dossier était venu s’ajouter aux milliards de la Présidence guinéenne, à destination de Dubaï, interceptés par la Douane sénégalaise à l’aéroport de Dakar. L’ébruitement de l’information avait mis Conakry dans un fiévreux état. Ces éléments constituent un virus qui ronge les relations entre les deux pays.

 

Bocar SAKHO

bsakho@lequotidien.sn

 

Source : Le Quotidien (Sénégal)

 

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