Notons d’emblée que Mohamed Ould Abdel Aziz a à son actif plusieurs réalisations dont une restructuration de l’administration et une rationalisation des dépenses publiques. Nul ne peut contester que les choses ne sont plus comme avant et que l’argent public est désormais géré avec perspicacité. Le trésor fait d’honorables rentrées notamment par un meilleur recouvrement des impôts et des recettes douanières améliorées. De nombreuses routes goudronnées ont été érigées tant à Nouakchott que dans la plus part des grandes villes du pays. Ainsi des zones isolées ont été désenclavées notamment dans la capitale.
L’on pourra noter également que les responsables locaux tels les walis et hakem sont plus présents et répondent mieux aux besoins des populations. Dans le domaine de la santé on note aussi quelques avancées : les hôpitaux et les centres de soins sont mieux équipés, gérés et bien plus propres.
Parmi les notes satisfaisantes on remarque aussi le domaine sécuritaire. En effet le spectre de la menace islamiste semble avoir été circonscrit et désormais l’armée est dotée de moyens pouvant lui permettre de mettre hors d’état de nuire les terroristes.
Là où le bât blesse en peut noter en premier lieu le renforcement de l’unité nationale promis. Certes il y a eu la prière sur morts de Kaédi, la poursuite du retour des déportés et une indemnisation des rescapés et ayant droit de la purge au sein de l’armée durent les années 90, mais un sentiment d’inachevé domine. Les déportés de retour vivent encore dans des conditions déplorables et le répression de la marche pacifique venue de Boghé ne va pas arranger les choses. Leurs biens ne leur ont pas été rendus et ceux qui devaient réintégrer la fonction publique ne sont qu’une goutte d’eau en fin de compte et encore qu’ils n’ont presque pas reçu le rappel de salaires promis. Des escarmouches à l’université quant à l’usage du français, un enrôlement décrié, une marginalisation des média publics ; autant de fait qui ont mis à mal l’unité nationale sous le règne de Ould Abdel Aziz. Il est sûr que le Président aura perdu bien de soutiens au sein de cette communauté.
Autre secteur dont les résultats sont sujets à critique : la lutte contre la gabegie. Certes un travail considérable a été fait dans ce sens mais il semble que l’IGE et autres instruments de l’Etat sont télécommandés et n’agissent que contre certains, surtout ceux qui ont maille à partir avec le Président.
Le grand chantier de lutte contre la pauvreté est encore entier. Les pauvres sont encore plus nombreux qu’en 2009 et leur sort ne semble pas avoir varié. Ils le ressentent surtout en cette période de ramadan où les prix sont repartis à la flèche. On dit que les caisses sont pleines à craquer alors que la pauvreté progresse partout, une contradiction manifeste.
Autre point négatif de la Présidence Aziz, l’état de la démocratie. La crise persiste entre le pouvoir et l’opposition. Le FNDU ne reconnait pas l’élection de Aziz et s’est retranché dans une position franchement hostile à l’égard de tout ce qui tourne autour du Président. Autre baromètre de l’état de la démocratie en recul ; les médias publics qui sont toujours sous la coupe du pouvoir en dépit de réformes annoncées. Il est vrai que la presse privée traite à loisirs des sujets qui l’intéressent sans pression ni intimidation mais l’information officielle et ses circuits sont fermement gardés par les autorités.
Autre indice d’un recul de la démocratie, la non séparation des pouvoirs. Il n’est un secret pour personne que la justice est inféodée au pouvoir et qu’elle dépend en grande partie du désidérata du Président.
BG
Source : Journal Tahalil
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