On a ainsi inversé les rôles : les relations avec le Parlement gérées jusque-là par une direction sont devenues le titre principal, alors que les directions de la communication en sont l’appendice.
Cette mesure visiblement mal préparée trahit le peu d’intérêt que les autorités accordent au secteur de la communication. Même si par ailleurs on explique que la libéralisation effective de l’audiovisuel en plus des avancées réelles en matière de liberté d’expression imposent un désengagement de l’Etat qui doit se limiter à son rôle de régulateur à travers la HAPA. On oublie que l’image du pays reste du ressort de la communication officielle, que le secteur n’est pas arrivé à maturité pour laisser entrevoir une telle révolution, celle de la disparition d’un ministère de la communication. On oublie surtout que la HAPA n’a pas été dotée de prérogatives légales à même de lui permettre de jouer le nouveau rôle qu’on lui assigne. On oublie enfin toute la résistance que déploient les fonctionnaires du secteur pour que telles avancées, si elles existent, n’arrivent pas à bout.
Dernièrement, le ministère a organisé une journée de réflexion autour de la question de l’aide publique à la presse. On avait cru qu’il sera question des moyens envisagés en vue d’augmenter l’enveloppe pour inclure l’espace audiovisuel parmi les bénéficiaires. Il a été surtout question d’ouvrir le comité de gestion à toutes les organisations de presse, les plus factices les moins significatives en termes de représentativité. L’objection raisonnable des vrais professionnels de la question n’y fera probablement rien. Il est clair que l’objectif est de «noyer le poisson» en prétendant proposer une réforme qui s’avère être un piège visant à assécher les finances déjà insuffisantes pour donner un souffle à la presse.
Jusqu’en 2005 – le coup d’Etat – et surtout depuis la fin du régime de la surveillance à partir de 2006-7, la presse est laissée à elle-même. Elle ne bénéficie plus du soutien du lectorat qui tenait à aider à la survie de la liberté d’expression. Cela s’est aggravé à partir de 2008, quand les nouvelles autorités ont décidé de libérer tous azimuts l’exercice du métier de journaliste. D’où l’obligation pour les pouvoirs publics de mobiliser un fonds d’aide destiné à aider à la survie d’un secteur agonisant. Malgré toutes les tentatives et les astuces déployées par le ministère et la HAPA, les deux institutions ayant en charge la gestion du fonds, les organisations syndicales imposeront leurs représentants au sein du comité de gestion qui réussira quand même à apporter un soutien, certes insuffisant, mais relativement utile. Jusqu’à présent, et surtout qu’avec la nomination d’un nouveau président pour ce comité (en l’occurrence un ancien ministre de la communication parfaitement au courant des enjeux), on a espéré que les réformes proposées apporteront du nouveau.
La création par exemple d’une régie de publicité qui canalisera toutes les ressources publicitaires publiques et semi-publiques pour les distribuer suivant des critères objectifs et consensuels. Ou encore l’octroi au comité d’un droit à la démarche en vue d’acquérir de financements auprès des bailleurs étrangers ou non. Ou enfin, la création d’un GIE ou d’une mutuelle en vue de mettre en commun moyens et savoir-faire des différents acteurs pour se libérer du diktat des plus forts.
Rien de tout ça. Juste une proposition visant à polluer le comité de gestion du fonds d’aide. Juste une tentative de torpiller toute volonté politique d’améliorer le secteur de la communication.
Dans quelques semaines, de nouveaux titres disparaitront, la presse écrite vivant ses moments les plus noirs. Télévisions et radios bénéficient encore d’un engouement qui promet d’être de courte durée.
Dans quelques semaines, au plus quelques mois, on se demandera à quoi servent toutes les avancées en matière de liberté d’expression si les supports qui doivent lui servir meurent d’asphyxie.
Mohamed Fall Oumeir
Source : Vu De Mauritanie (Le 14 octobre 2014)
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