ÉTATS-UNIS : Le niveau des discours des présidents américains baisse

Le site américain Vocativ a passé au crible quelque 600 discours de présidents américains, sur deux cents ans. Verdict : de George Washington à Barack Obama, le niveau intellectuel a sérieusement faibli.

 

L'éloquence de Barack Obama lui aurait permis de restaurer l'image de prestige du président américain, en comparaison avec la rhétorique jugée plus faible de son prédécesseur, George Bush. Le site Vocativ a voulu vérifier cette hypothèse.

Pour cela, il a analysé près de 600 discours de présidents américains, du discours inaugural de George Washington en 1789, au récent discours d'Obama à propos de l'organisation Etat islamique (EI). Vocativ a analysé les textes grâce au test de Flesch-Kincaid, "l'algorithme de compréhension le plus connu", qui mesure le nombre de mots, de phrases et de syllabes. Il en tire quatre conclusions :

– Les discours sont de moins en moins sophistiqués. "Il est tentant d'en déduire que le niveau intellectuel des présidents a baissé", note Jeff Shesol, historien et ancienne plume de Bill Clinton. "Mais, en réalité, c'est un signe de démocratisation. Dans les premières années, les présidents pouvaient considérer qu'ils s'adressaient à un public principalement composé de gens comme eux : éduqués, propriétaires ayant l'esprit civique", les seuls qui avaient le droit de vote. Mais ils ont dû s'adapter par la suite à un public plus large, poursuit Shesol.

– Les discours sont plus longs. On aurait tendance à penser que les discours de plus de vingt minutes ne sont plus envisageables aujourd'hui, et que les gens n'ont plus suffisamment de patience pour les écouter. Pourtant, "les études montrent que les gens aiment les longs discours", explique Shesol.

Auparavant, les présidents adaptaient leur discours à leur auditoire. Washington et Jefferson, par exemple, "simplifiaient leur discours quand ils s'adressaient à des Amérindiens". Dans un discours à Little Rock (au Kansas), Bill Clinton avait lui utilisé des expressions typiques du Sud, qu'"il n'aurait jamais employées dans un discours de politique étrangère". Mais aujourd'hui, face à un micro ou une caméra, "les présidents savent qu'ils s'adressent au monde entier", et ces variations du discours ont disparu.

– Malgré sa réputation, Bush n'était pas un si piètre tribun. Ses discours étaient "sous-estimés", avance Jeff Shesol. Et ceux d'Obama sont à peine "légèrement plus sophistiqués".

 
 
Paul Grisot

 
(Photo : George Washington (1732-1799, et président de 1789 à 1797) et Barack Obama – DR)
 
 
Source : Courrier international
 
 
 

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