Quand la planète se convertit au snacking

Stable en Europe, le snacking se développe en Asie, en Amérique latine et en Afrique sous l’impulsion des géants de l’agroalimentaire. Dans nombre de pays, le grignotage à base de fruits et yaourts tend à se substituer aux repas.

 

La planète entière pratique le snacking. Et de plus en plus. Selon Nielsen, le marché mondial a représenté un chiffre d’affaires de 374 milliards de dollars au cours de l’année écoulée, en progression de 2 %. Les biscuits, les gâteaux et la confiserie font la majorité des ventes, mais le snacking comme substitut de repas, sous forme de fruits, légumes, yaourts, fromages, se développe fortement dans le monde. Près de la moitié des personnes sondées par Nielsen (45 %) consomment des en-cas au lieu de se mettre à table.

Quitte à battre en brèche un certain nombre d’idées reçues, ce ne sont pas les Américains qui dépensent le plus dans le snacking mais les Européens avec une facture ­globale stable de 167 milliards de dollars contre 124 milliards pour l’Amérique du Nord (+ 2 %). Surtout, cet engouement touche désormais l’Asie, l’Amérique latine et la zone Afrique Moyen-Orient avec des croissances respectives de 4 %, 9 % et 5 % selon Nielsen.

Chaque continent à sa manière de « snacker ». Les Européens ­consomment surtout du chocolat, les Nord-Américains des chips et les Sud-Américains des biscuits. En Asie, ce sont les en-cas frais, comme les yaourts, les goûters au fromage et les desserts, qui ont la faveur de la population. Au Moyen-Orient et en Afrique, on mange aussi bien de la confiserie que des snacks salés pour caler une petite faim.

Des chocolats qui ne fondent pas

Sous l’impulsion des géants occidentaux de l’agroalimentaire, les pays d’Asie ont progressivement été initiés aux snacks globalisés. On trouve désormais des chips Pringles, du groupe Kellogg, partout dans la région comme des Snickers, de la société Mars. Nestlé et Cadbury (Mondelez) ont même développé des chocolats ne fondant pas pour les pays de la région les plus chauds. Mais malgré cette poussée, des produits originaux dominent encore les marchés locaux du snack et les modes de consommation restent très différents de ceux pratiqués en Europe ou aux Etats-Unis. Au Japon, les habitants ne s’autoriseront, par exemple, jamais à manger en marchant dans la rue. Pour boire une canette de café chaud ou un Orangina acheté dans un distributeur automatique de l’Archipel, ils resteront près de la machine ou emporteront leur boisson au bureau. Dans l’après-midi, beaucoup d’employés s’autoriseront une brève pause dans la salle commune pour goûter les « O-miyage » – ou souvenirs – ramenés par un collègue d’un récent voyage. En Chine, cette distinction entre les types de snack est moins marquée et les habitants grignoteront au fil de la journée de la seiche séchée effilochée, des crackers de riz soufflé ou des petites prunes séchées vendues dans des emballages similaires à des bonbons.

Un prix abordable

Le développement du snacking est également perceptible en Afrique. Notamment en Afrique du Sud, le pays dans le monde où l’on remplace le plus le déjeuner par un snack (65 % de la population contre 32 % en France). De fait, dans les pays en voie de développement, le snacking est parfois l’unique solution pour les populations les plus pauvres. «   Les gens n’ont pas toujours des voitures ou des frigos pour aller acheter et conserver des produits frais. Alors ils mangent des chips vendues dans la rue, par facilité », explique Salome Kruger, nutritionniste et professeur à l’université de Potchefstroom.

Dans les stations-services comme dans les petites épiceries des bidonvilles, les barres chocolatées Nestlé ou Cadbury et les chips trustent les étalages. En Afrique du Sud, il est quasiment impossible de trouver un menu équilibré à un prix abordable pour la majorité de la population. Les habitants les plus pauvres se tournent vers le grignotage. Des habitudes inquiétantes dans un pays où 61 % de la population est déjà en surpoids. Selon l’OMS, les maladies liées au surpoids devraient doubler en Afrique d’ici à vingt ans.

 

Marie-Josée Cougard

 

(Photo : Des enfants malaysiens mangeant des snacks après la prière à Kuala Lumpur, Malaisie. – Lai Seng Sin/AP/SIPA)
 

Source : Les Echos (France)

 

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