Mauritanie : Ould Lagdhaf ou la continuité du régime de Ould Aziz

Les rédactions de la presse nationale et électronique sont dans l’expectative en attendant la formation du nouveau gouvernement mauritanien par le premier ministre Ould Lagdhaf qui bat ainsi le record de longévité du premier quinquennat de Ould Aziz.

 

Le président mauritanien qui rempile également un second mandat envoie ainsi un signal fort à la classe politique et en particulier l’opposition qu’il va poursuivre son programme engagé depuis juillet 2009.Les observateurs ne s’attendent pas à l’avancement des dossiers récurrents sur le passif humanitaire, l’enrôlement des populations et le dialogue inclusif avec l’opposition  par la nouvelle équipe gouvernementale.

Il est des nominations qui font naître des débats comme en témoigne la confirmation de Ould Lagdhaf à la tête de la primature pour un second mandat de Ould Aziz. C’est une décision politique qui dérange et inquiète surtout l’opposition mauritanienne sous la houlette aujourd’hui du Forum National  pour la démocratie et l’unité ( FNDU) qui regroupe 12 partis et des mouvements citoyens et syndicaux et des personnalités politiques indépendantes.

Malgré cette réélection de Ould Aziz contestée et contestable les observateurs s’attendaient au moins à un changement d’un chef de gouvernement .Reprendre le même c’est la traduction de la continuité d’un régime qui ne fait pas l’unanimité de la classe politique mauritanienne. Autrement dit c’est entretenir l’ambiguïté d’un régime qui donne l’impression de faire face à tous les dossiers les plus récurrents comme le passif humanitaire ou la cohabitation, le dialogue politique avec l’opposition et les syndicats.

Un immobilisme qui inquiète les populations les plus fragiles qui attendent beaucoup de partager les richesses  de ce pays et la croissance économique depuis des années très positive. Même les problèmes les plus urgents sur les inondations et les déchets de Nouakchott sont traités légèrement faute d’une politique claire en matière d’assainissement et d’urbanisation de la capitale. C’est bien pour cela que le chef du gouvernement est encore une fois piégé par cet attentisme qui risque d’aggraver la crise politique et sociale. Ould Lagdhaf pourrait payer le prix fort d’une confiance renouvelée mais pas partagée par tous les mauritaniens. Jusqu’ici populiste son gouvernement pendant le premier quinquennat a montré des limites pour agir  dans le bon sens des préoccupations des plus démunis. 

Avec une telle impopularité les citoyens ont l’impression de vivre depuis juillet 2009 une flambée des prix des denrées alimentaires, du carburant et du gaz, un recul des libertés et des droits de l’homme. Et plus grave  le  premier ministre a tourné carrément le dos à la réconciliation nationale en laissant pourrir la situation des plus de 24 000 rapatriés du Sénégal dans les camps de fortune dans le Sud du pays. La marche de Boghé à Nouakchott  en juin dernier est très significative à cet égard. Un bilan mitigé qui pourrait fragiliser la nouvelle équipe gouvernementale attendue toujours à Nouakchott.

Bakala Kane

Reçu à KASSATAYA le 15 août 2014

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