On ne sait pas ! Même si, en général la constitution d’un gouvernement ne doit pas prendre beaucoup de temps, quelle que soit la complexité de l’alchimie sur la base de laquelle sont formés les différents gouvernements de la République. Il faut donc attendre, et attendre encore… Presque deux mois après sa réélection, le président Aziz n’a toujours pas formé un nouveau gouvernement comme le veut la tradition. Pas la Loi… Il a fait d’abord plus d’un mois pour préparer son investiture qu’il voulait grandiose, comme doit l’être celle d’un champion élu haut la main, à plus de 82% des suffrages exprimés. Sur ce point, la réussite n’était vraiment pas au rendez-vous, tant l’investiture n’a pas attiré la présence escomptée.
Surtout que les amis occidentaux ont royalement ignoré l’événement en s’abstenant d’envoyer des représentants à la hauteur… Comme ils l’ont fait en 2007 pour Sidi Ould Cheikh Abdellahi, le président évincé mais qui demeure un concurrent qu’on espère , là-haut, le dépasser.
Sur tous les plans. Question de normaliser la situation d’un homme qui est arrivé au pouvoir par les armes et qui cherche à se faire régulariser…
Mais ce souci, fictif ou réel, n’explique pas que le président Aziz prenne tout ce temps pour former un gouvernement. Surtout que la vie est presque arrêtée en attendant l’arrivée du nouveau gouvernement sur lequel on ne dispose pas d’informations fiables, mais plutôt de spéculations qui paraissent souvent contradictoires et ne contribuent pas à répondre aux interrogations que se posent les gens…
Parmi celles-ci, il y a d’abord le sort du premier ministre sortant et assis sur son fauteuil depuis plus de six ans. Un record en matière de longévité pour nos premiers ministres. Mais cela ne semble point le suffire. Il lui donne plutôt de l’appétit qui, comme on dit, vient en mangeant.
Même si de lobbies puissants œuvrent pour sa destitution, tout porte à croire que Ould Mohamed Laghdaf risque fort de rempiler. Une perspective d’autant plus envisageable que son chef ne lui reproche presque rien : il est effacé, docile, discret et possède, en plus de tout ces atouts, beaucoup de patience et de retenue. Et il a la capacité de s’effacer et de tout supporter. Mais si tel est le cas, qu’est-ce qui retarde la formation du premier gouvernement post présidentiel ?
Certains estiment que le président de la République veut se donner le temps afin d’analyser la situation de ses troupes et agir en conséquence ! Un argument peu convaincant, d’autant plus que rien ne parait avoir changé chez lui : les mêmes slogans, les mêmes approches et les mêmes amis. Surtout qu’il estime qu’au cours de son premier mandat, il a fait toutes les réalisations possibles et imaginables. Et qu’il doit persévérer dans la même voie. Il est en effet incompréhensible de changer une équipe qui gagne.
Unique fait dont on a beaucoup parlé et on en parle toujours : la promotion des jeunes et des femmes à travers une présence significative dans la prochaine équipe ministérielle. Là aussi, pas nouveau, car la moyenne d’âge des ministres sortants est plus proche de la catégorie des jeunes que des vieux. Constat réel, mais qui ne change rien dans les slogans présidentiels du moment qui veut donner l’impression qu’il fait des actions nouvelles à l’adresse des jeunes et des femmes.
Bien sûr tout cela ne justifie pas objectivement tout ce temps pris pour la formation du futur gouvernement, mais il est tout de même presque certain que le président se donnera encore du temps avant d’annoncer la liste définitive des membres de son gouvernement.
Cela est d’autant plus vrai qu’il va cette fin de semaine en France pour assister à la célébration de l’anniversaire du déparquement de Provence. Et qu’il faut attendre son retour pour commencer de nouveau à spéculer sur la physionomie de notre futur gouvernement. Alors, encore de la patience…
Amadou Seck
WW.KASSATAYA.COM
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