Un retour aux méthodes musclées de la fin des années 1980, avec son cortège de mauvais souvenirs pour des populations encore traumatisées par des pratiques dont les auteurs restent impunis. A l’origine de la colère des autorités, la disparition d’un homme du nom de Mohamed Cheikh Ould N’Zil, un commerçant opérant dans la localité, alors « qu’il détenait une forte d’argent ».
Après quelques jours de recherches infructueuses, la rumeur, relayée par des médias citant « des sources familiales », annonce la mort de N’Zil.
Une fausse nouvelle à l’origine d’une véritable situation de « guerre » autorisant tout l’exécutif régional à descendre sur la localité pour conduire « l’enquête ».
Six (6 )individus sont placés alors en garde à vue par la brigade de gendarmerie de M’Bagne dans le cadre des « investigations » préliminaires.
Mais au-delà de cette mesure, pouvant relever d’une enquête normale visant à retrouver les présumés auteurs d’un crime, toute la population du village est touchée par les pratiques brutales d’une administration incapable de rompre « avec le confort du bon vieux temps » pendant lequel tous les abus étaient autorisés.
Pour un mort dont le cadavre n’a pas encore été retrouvé, on est pressé d’inventer une nouvelle théorie, celle de la responsabilité collective en matière pénale et même un trouble imaginaire à l’ordre républicain de nature à motiver le déplacement sur place du wali, comme si la présence du procureur de la République ne suffisait pas pour mener une enquête de nature.
Samedi, la bulle se dégonfle par enchantement, car le « mort » de Niabina est retrouvé à Nouakchott, sain, sauf et bien portant.
Du coup, l’administration et les forces de sécurité locales, qui étaient allées trop loin dans la démesure de leur « enquête », ne trouvent plus d’alibi pour persécuter de paisibles populations.
En fait, tombé d’un chameau, le jeune commerçant aurait simplement respecté une tradition millénaire qui voudrait qu’il disparaisse pendant quelques temps.
Après toutes ces péripéties qui ont porté un énorme préjudice aux populations, on aimerait bien identifier la source ayant annoncé aux autorités la mort du jeune homme et quelle suite sera réservée à cette affaire ?
Un praticien du droit et opposant rejette les méthodes d’enquête des autorités
Réagissant aux différents développements de cette affaire, Maître Lo Gourmo Abdoul, vice président de l’Union des Forces de Progrès (UFP-opposition), cité par le Calame.Info, a vivement dénoncé le comportement des forces de sécurité.
Le célèbre professeur de droit et avocat écrit avec désolation "suite à la disparition d’un commerçant, des dizaines de membres des forces dites de sécurité ont totalement encerclé et occupé le village de Niabina, procédant à des arrestations dans un climat de peur collective au sein d’une population considérée comme globalement suspecte depuis 24 heures.
Le disparu vient d’être retrouvé à Nouakchott sain et sauf, libre de ses mouvements, semble-t-il. Cette situation intolérable rappelle la sombre période de l’occupation militaire de la vallée du fleuve et le climat de terreur instauré par le régime Ould Taya à la fin des années 80."
"Faut-il rappeler aux détenteurs des pouvoirs de police que leurs pratiques et méthodes restent soumises à la loi dans le cadre de l’Etat de droit », conclut-il.
Ould Bladi
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