De l’eau pour les masses !

Comme les jeûneurs en ces journées de Ramadan, Nouakchott a soif. L’eau manque en ville notamment dans les quartiers périphériques de la capitale. Du matin au soir, ce sont des milliers de bidons jaunes qui jalonnent les principales artères des quartiers périphériques. La scène se répète partout, à Sebkha, à Basra, à Kouva, à El Mina… Des files indiennes sont assises en groupes épars. Elles guettent leur tour dans un rang qui avance comme un scarabée. En effet, aussi loin que porte le regard, c’est une procession de bidons jaunes qui vous heurte le regard.

 

A quelques mètres du populeux garage de Nouadhibou, en ce jour de vendredi de Jeun, dans des dédales de rue à Sebkha, quelques femmes stoïques sont restées là, près des bidons pour faire la garde tandis que les autres sont parties prospecter ailleurs. C’est la même scène qui fleurit les artères de la ville.

Au demeurant, Nouakchott alterne ainsi entre sécheresse et obscurité, ramenant sur terre des populations euphoriques qui croyaient qu’avec la démocratie et toutes les bonnes choses que les politiciens leur avaient servies en cinq ans de contes de fées, ces populations allaient sortir de leur misère par une simple baguette magique.

La réalité est bien amère aujourd’hui et le réveil brutal. Non seulement, les prix des denrées de première nécessité ont atteint des seuils inimaginables, grignotant les maigres augmentations de salaire, mais il n’y a plus d’eau… Pire, il n’y a plus d’argent. Sur la scène publique, rien que des meurtres, des vols et des promesses de lendemain qui ne chanteront pas de sitôt.

La Société nationale des eaux, n’est plus qu’une structure vide. Donc, incapable pour le moment de requinquer une capitale qui commence à prendre les relents d’une grande bourgade précoloniale. Son tout nouveau DG M. Fall N’guissali, nommé il y a deux semaines, aura-t-il les moyens de la redresser ? Saura-il la mettre sur les rails ? C’est en tout cas, tout le mal qu’on lui souhaite.

Pourtant, que de belles littératures sur la politique de l’eau en Mauritanie, sur les programmes de réforme des secteurs de l’eau. Le gouvernement avait même adopté il y a deux ans, une belle Déclaration de politique de développement du secteur de l’eau restée une énorme arnaque.

Une Autorité de régulation fut même mise sur pied, dont les membres se contentent pour le moment de bouffer notre budget, de se trimbaler dans de grosses cylindrées payées avec nos sous, sont entretenus avec nos sous, alimentées avec nos sous, et dont le dernier souci est de savoir pourquoi la SNDE est incapable de fournir un service minimum en matière d’approvisionnement en eau potable des populations. Que n’a-t-on dit sur ce sujet. On a parlé de renforcement du système d’alimentation en eau de Nouakchott grâce à l’augmentation de la capacité de stockage avec des nouveaux châteaux d’eau d’une capacité de plusieurs milliers de m3 par jour et de réservoirs enterré s, eux aussi de plusieurs milliers de m3. Que dalle !

Le résultat est que les populations continuent de payer l’eau 10 fois plus cher que les prix de la SNDE, certains payant le baril de 200 litres d’eau à 500 UM par jour. Le temps est venu d’attaquer à bras le corps le problème de l’eau à Nouakchott et de lui trouver une solution définitive. Il n’est quand même pas normal que l’eau continue à manquer, notamment dans les quartiers périphériques alors que dans quartiers de nantis, on boit, on arrose et on lave à merci.

 

Ahmed.B

 

Source : Lauthentic.info

 

( Photo : Sénégal. Enfant allant chercher de l’eau à la fontaine publique dans un bidonville de Dakar.

© CALT production / HOPE Production)

 

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