Le ramadan pose un dilemme aux joueurs musulmans

La période de jeûne débute samedi 28 juin, en même temps que les huitièmes de finale.

Le premier match des huitièmes de finale, entre le Brésil et le Chili samedi 28 juin, coïncide, à quelques heures près, avec le début du ramadan. A cette période de l'année au Brésil, les températures dépassent souvent les 25 degrés (sauf dans le sud du pays), ce qui demande une hydratation importante. Mais l'ensoleillement, avec des nuits qui débutent tôt vers 17 h 30, raccourcit la durée quotidienne du jeûne.

Le dernier croisement entre les périodes du ramadan et la Coupe du monde remonte à 1982, en Espagne. Comme un clin d'œil, l'Algérie, emmenée par Rabah Madjer et Lakhdar Belloumi, était alors devenue la première équipe africaine à battre (2-1) lors d'un mondial une nation européenne, l'Allemagne de l'Ouest.

Le 24 juin à Oviedo, lors de leur dernier match de groupe, les Fennecs s'étaient également imposés face au Chili, mais n'avaient pas franchi le premier tour. Car l'Allemagne et l'Autriche, toutes deux qualifiées en cas de courte victoire des Allemands, avaient conclu un arrangement. La rencontre fut qualifiée de " match de la honte ".

Lundi 30 juin, l'Algérie, pour la première fois de son histoire en huitièmes de finale, aura l'occasion de laver cet affront face à la Nationalmannschaft. Chaque joueur des Fennecs devrait décider individuellement de jeûner ou non. " Le plus dur, c'est l'hydratation, estime Madjid Bougherra, du haut de son expérience (31 ans). Mais ici le climat est bon. Certains joueurs peuvent reporter leurs jours. A titre personnel, je vais voir en fonction de mon état physique, mais je pense le faire. " Côté adverse, le milieu de terrain d'Arsenal Mesut Özil, de confession musulmane, a indiqué qu'il ne suivrait pas le jeûne pendant la compétition. " Je ne ferai pas le ramadan car je travaille ", a-t-il indiqué.

L'ancien sélectionneur Claude Le Roy a estimé que suivre le ramadan pendant la Coupe du monde était " impossible et dangereux ". Une crainte qu'il n'est pas interdit de nuancer : beaucoup de joueurs sont habitués à négocier la période de préparation physique d'avant-saison, très éprouvante, pendant le ramadan. Par ailleurs, les Algériens joueront à 17 heures et devraient donc pouvoir se désaltérer pendant le match.

A ce stade de la compétition, peu de sélections présentent un nombre important de joueurs musulmans. L'Iran et la Bosnie ont tous les deux été sortis au premier tour. Avec l'Algérie, le Nigeria est la seule équipe nationale à présenter ce profil.

Mais les Super Eagles semblent actuellement plus perturbés par leurs primes… L'islam permet par ailleurs aux " voyageurs " de ne pas faire le ramadan, même si ce point fait débat.

Interrogés sur la gestion du ramadan dès la préparation à Clairefontaine, les membres du staff médical des Bleus avaient avoué n'avoir pas étudié la question. Didier Deschamps, parfois agacé au moment de devoir aborder le sujet, a déclaré, une fois la qualification acquise face à l'Equateur : " C'est un sujet sensible, délicat. Je n'ai rien à ordonner. On respecte les religions de tout le monde. Les joueurs ont l'habitude, je n'ai aucune inquiétude. Chacun s'adaptera à la situation. "

Plus qu'un sujet tabou, les Bleus et le staff ont voulu faire passer l'idée que le ramadan était complètement anecdotique. Un non-sujet. " On n'en a pas parlé entre nous, explique Morgan Schneiderlin. Je ne peux pas vous dire ce que cela va changer. Il faut respecter chaque religion. Je pense que le staff et les joueurs vont s'adapter au mieux pour être le plus performant possible. "

Parmi les joueurs musulmans de l'équipe de France, Bacary Sagna est le seul à s'être publiquement exprimé sur le sujet. " Je sais que certaines lois nous permettent de l'éviter. Personnellement, je ne vais pas faire le ramadan, a-t-il déclaré. Après, chacun est libre de faire ce qu'il veut. Ceux qui le suivent doivent faire attention à ne pas avoir de carences car, à ce niveau-là, ça ne pardonne pas… Le staff n'a rien modifié, pour être honnête, on n'en a pas parlé. "

Pour les Bleus comme pour les autres sélections, la question de l'alimentation, centrale chez les sportifs de haut niveau, devrait toutefois prendre plus d'épaisseur ces jours-ci. Sans que le ramadan ait quelque chose à voir là-dedans. La moitié des huitièmes de finale ayant lieu à 13 heures au Brésil, les petits déjeuners seront amenés à devenir de véritables repas, pour tenir jusqu'à l'heure de la rencontre. " On mange des pâtes, ce n'est pas la meilleure des choses à 9 heures du matin ", a rigolé Morgan Schneiderlin.

 

Yann Bouchez

Ribeirao Preto Envoyé spécial

 

 

Source : Le Monde

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page