Les négro-mauritaniens votent massivement beïdanes ! Le score de Sarr le prouve…

Après tant de discours sur le racisme en Mauritanie, sur la mainmise des maures sur toute la vie politique et économique, après tant de passif et de mémoire enterrée vive, qu’est-ce qui peut expliquer que le seul candidat négro-mauritanien à l’élection présidentielle n’ait pu obtenir que 4,44% des suffrages ?  

 

Son score est un miroir à la cause négro-mauritanienne telle qu’elle est défendue jusque-là par les leaders autoproclamés de la communauté. A moins qu’on estime que les négro-mauritaniens aient massivement boycotté l’élection or c’est faux quand on regarde le détail des votes par région.

Où est donc allé le vote négro-mauritanien ?  Avec un Aziz à 81% et un Sarr à 4,44 sans parler des autres qui représentent les hratines, il est clair que la majorité des négro-mauritaniens a voté Aziz comme la majorité des hratines, ce qui prouve que le vote communautaire n’existe pas encore en Mauritanie ou du moins qu’il est divisé en mille lots téléguidés par des réseaux qui font voter pour le candidat du pouvoir, en l’occurrence maure.

Cela devrait faire réfléchir car l’occasion était belle pour savoir qui vote qui, avec un candidat maure, un négro-mauritanien et 2 hratines et une métisse forgeronne. D’ailleurs même les forgerons ont voté maure… Il faut en tirer quelques conclusions.

Cela s’explique par une chose : le débat reste au niveau de l’élite où se concentrent toutes les tensions pendant qu’à la base rien ou presque rien de ce débat n’arrive. Du coup il suffit de gérer l’élite pour tenir la base, de là les nominations bien ciblées par communauté puis chaque maillon attire les siens en chaîne…

Ainsi si  Sarr a un si médiocre  score en étant le seul candidat négro-mauritanien, de même que Birame et Bodiel ensemble par rapport au nombre de hratines c’est tout simplement que leurs électeurs sont aux mains de réseaux qui eux bénéficient ici et là des largesses du pouvoir en nommant tel et tel de chaque groupe. A ce jeu, le pouvoir est génial et il tient tout le pays, du moins tous ceux qui peuvent le faire bouger.

Il n’en reste pas moins que le score de Sarr reste un coup dur pour la cause  négro-mauritanienne dans un pays où il est question de racisme partout.  Même l’envoyée spéciale du Monde présente Sarr comme représentant sa communauté…

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/06/23/mauritanie-le-president-abdel-aziz-reelu-avec-plus-de-80-des-voix-sans-opposition_4443226_3212.html

Si son score fut chétif, est-ce parce que Sarr n’est pas un noble malgré l’alliance matrimoniale ? Peut-être car si la cause des castés est largement débattue chez les maures, le sujet n’est pas même d’actualité chez les négro-mauritaniens sinon dans leurs salons où le débat frétille sans aller plus loin…

En vérité, tout prouve qu’en Mauritanie, les gens votent pour le pouvoir surtout quand l’opposition semble si faible n’ayant aucune chance de l’emporter or à ce pouvoir tous les représentants de toutes les communautés mangent correctement de sorte à soutenir le pouvoir. Ceux qui se plaignent sont une minorité et l’expérience prouve que  pas un ne refuserait un poste à la hauteur de son orgueil. Hélas on ne peut pas placer tout le monde… 

Cela dit, le pouvoir ce n’est pas Aziz ou un autre, le pouvoir c’est l’articulation de toutes les forces qui peuvent renverser une nation or ces forces ne sont pas seulement militaires car les prisons sont vides et la liberté d’expression totale ce qui prouve que les forces civiles font partie de ce pouvoir quelle qu’en soit la forme vu que ce sont toujours les mêmes réseaux qui l’animent malgré les disgrâces et les petites haines familiales du même milieu…

Souhaiter la perte d’Aziz dans un pays comme le nôtre ne changera rien car il n’est pas le pouvoir mais juste son incarnation. Le pouvoir peut le chasser comme le pouvoir en a chassé d’autres. Se focaliser sur Aziz c’est refuser de voir les autres têtes de cette hydre qu’on appelle le pouvoir dont l’une des têtes les plus monstrueuses est peut-être la connivence de toutes les forces de la nation.

Le régime n’est pas militaire seulement, c’est un régime vieux comme le commerce chez nous : tu as le pouvoir, je te courtise. Tu me donnes, j’applaudis. Tu ne donnes rien, je te dénigre. Tu me menaces, je me tais. Tu n’as rien, je te fuis.

Quant à la démocratie : j’ai mille voix… Combien tu payes ? De l’argent ou un poste pour les miens sinon juste pour avoir la paix…

 

Vlane A.O.S.A.

 

Source : Chez Vlane (le 26 juin 2014)

 

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