Présidentielle en Mauritanie : dernier jour de campagne

C’est ce jeudi soir que la campagne présidentielle se termine en Mauritanie. Le scrutin a lieu samedi. Cinq candidats sont en lice, dont le président sortant. Il ne reste aux candidats plus qu’une journée pour tenir leurs derniers meetings. Mercredi, le candidat Boydiel Ould Houmeïd tenait un meeting à Nouakchott et le président sortant dans la ville d'Akjout.

 

C’est sur une scène dressée au milieu d’un terrain vague que Boydiel Ould Houmeid prend la parole devant ses militants. La nuit est en train de tomber, son discours ne durera que dix petites minutes. Pêle-mêle, Boydiel Ould Houmeid dénonce les pressions exercées sur les électeurs par certains ministres en campagne pour le président. Sans nommer le chef de l’Etat, il s’en prend à ceux qui sont arrivés par un coup d’Etat et qui ne cherchent que la force.

Dans la foule, il y a des curieux, des jeunes venus se distraire après leurs épreuves du baccalauréat, des partisans d’autres candidats mais aussi, bien sûr, des militants : « On préfère Boydiel, parce qu’il est très sérieux, c’est la seule personne qui dit quelque chose, et qui le fait », confie l'un d'eux.

Pour ceux qui le soutiennent, Boydiel, comme on l’appelle en Mauritanie, est l’homme de la réconciliation nationale : « Ce qu’il a de plus que les autres, c’est le candidat de ce qu’on appelle l’unité nationale, contrairement à certains candidats qui prônent la division. » Un autre partisan de Boydiel explique son point de vue : « Il n’est pas raciste. Il traite tout le monde à égalité. Les Haratines, les Maures blancs, les Pulaars, les Soninkés : ce n’est pas un gars raciste. »

Même si certains disent que les jeux sont déjà faits, la directrice de communication de Boydiel Ould Houmeid veut croire à la victoire. Selon Tara Mint Hembara, « l’alternance pourrait arriver, Ould Abdelaziz pourrait partir. Pourquoi pas ? Il suffit d’avoir un tout petit peu plus de 50% pour qu'il parte. Je me bats pour la victoire. »

Le boycott du scrutin, principal enjeu

Le président sortant Mohamed Ould Abdelaziz donnait, lui, un meeting dans la ville d’Akjoujt. Parallèlement, une marche était aussi organisée à Nouadhibou par le FNDU, le Forum national pour la démocratie et l’unité, qui boycotte le scrutin. Une opposition qui espère peser sur le taux de participation et qui aura été, durant toute cette campagne, dans le collimateur du camp présidentiel.

Il y a les critiques et les noms d’oiseaux, que s’échangent certains candidats depuis plusieurs jours, mais il y a aussi un autre bras de fer, celui qui oppose le chef de l’Etat et les partis qui boycottent le scrutin. Une sorte de campagne parallèle a donc lieu entre Mohamed Ould Abdelaziz, qui plaide depuis deux semaines pour un vote massif, un vote à 100% pour reprendre son expression, et une opposition qui est encore descendue dans la rue hier pour inciter les gens à rester chez eux le jour du scrutin. Entre les deux camps, on ne se fait pas de cadeau. 

 

 

Du côté du candidat-président, on accuse l’opposition de confisquer les cartes d’identité des électeurs afin qu’ils ne puissent pas voter. « Refuser de participer et empêcher les autres d’exercer leur droit, c’est marcher à reculons », peut-on lire dans le journal de campagne du chef de l’Etat. « C’est se mettre à dos l’humanité dans ce qu'elle a de plus consensuel », même.

Au FNDU, la coalition visée, on s’interroge sur l’origine des centaines de millions d’ouguiyas distribués aux populations par Mohamed Ould Abdelaziz ces derniers jours. Et on va même jusqu’à évoquer « l’hystérie d’un président » qui ne voit plus comme concurrent dans cette élection que les tenants du boycott. Au cœur de ces joutes verbales : le taux de participation, l'un des principaux enjeux de ce scrutin.

 

(Photo : Une femme pose avec une photo du candidat présidentiel Boydiel Ould Houmeid lors d'un meeting à Nouakchott, en Mauritanie, le 18 Juin 2014.REUTERS/Joe Penney)

 

Source : RFI

 

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