L’arme médiatique des USA pour contrer les messages haineux de Boko Haram

L’administration américaine travaille au lancement d’une télévision en langue haoussa au Nigéria, annonce le New-York Times. Ce média, qui sera créé en collaboration avec les autorités nigérianes, vise à contrer les messages haineux du groupe terroriste Boko Haram.

C’est la nouvelle arme choisie par la diplomatie américaine pour affaiblir l’emprise médiatique de Boko Haram. La chaîne, qui sera dénommée Arewa24, ouvrira ses bureaux au nord du pays, là où le groupe terroriste est le mieux implanté. Le projet coûtera 6 millions de dollars et sera intégralement financé par le Bureau de lutte contre le terrorisme du département d’Etat américain, selon le New-York Times.

Arewa24 ciblera avant tout les jeunes téléspectateurs et produira ses propres programmes, incluant des comédies et des émissions pour enfants, créés et produits par des Nigérians. Les émissions seront diffusées dans la langue locale, le haoussa, et évoqueront des thèmes qui rejettent la violence et l’extrémisme politique. En revanche, les bulletins d’information seront exclus des programmes et il ne sera jamais fait référence au parrainage américain à l’antenne

L'enlèvement des écolières, un tournant

Selon un officiel américain cité par le New-York Times, l’enlèvement des écolières de Chibok a constitué un tournant, démontrant la nécessité de proposer «un message alternatif à celui, destructeur, diffusé par Boko Haram et d’autres extrémistes violents.»

L'opérateur Equal Access a été choisi en septembre 2013 pour créer la nouvelle chaîne TV, en partenariat avec le département d'Etat. Le même opérateur, basé à San Francisco, fournit déjà des programmes financés par les Etats-Unis, au Yémen et au Pakistan, avec pour objectif déclaré d’encourager la participation des jeunes à la vie politique, en plus de la lutte contre l’extrémisme.

Pour les autorités américaines, le principal défi consistera à imposer ce nouveau média dans une zone, le nord du Nigéria, où les infrastructures sont peu développées, les foyers souvent non raccordés aux réseaux TV (photo ci-dessus ©Nigerians Report) et où l’image des Etats-Unis est déjà fortement dégradée. «Le gouvernement américain et les programmes d’éducation occidentaux sont loin d'être populaires dans le nord du Nigéria. Et Boko Haram, qui n'a jamais caché son dégoût pour les médias, a déjà lancé des attaques sur certains d'entre eux», a reconnu l’officiel américain cité par le New-York Times.

Menace persistante des groupes «djihadistes salafistes»

L’annonce du lancement prochain de cette télévision intervient alors qu’un célèbre think-tank américain, Rand Corporation, vient de publier un rapport mettant en garde contre la menace persistante des groupes «djihadistes salafistes» liés, de près ou de loin, à al-Qaida. Ce document, que Le Courrier du Sahara a pu consulter, recommande aux autorités américaines de conclure des partenariats sur le long terme avec les pays menacés par le terrorisme, comme le Nigéria.

Et même si, selon cette même étude, l’assise populaire des groupes extrémistes s’érodent dans le monde, (-63% de soutien populaire au Nigéria entre 2010 et 2013), l’état de droit, sans lequel aucun retour à l’ordre n’est possible, décline lui aussi. Selon Rand Corporation, la confiance de la population nigériane dans la gouvernance publique s’est encore dégradée (-17%) et cela alors que le pays connaissait déjà de faibles niveaux en la matière avant ce sondage.

Dans ses conclusions, Rand Corporation estime que les Etats-Unis doivent rester concentrés dans la lutte contre la prolifération de ces groupes. Le think tank américain a recensé 18 nouvelles formations «djihadistes salafistes» dans le monde, en hausse de 58% comparativement avec 2013. Selon ces mêmes estimations, le nombre des combattants actifs au sein de ces groupes se situe désormais entre 40’000 et 100'000.

 

Source : Le Courrier du Sahara

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page