Dantesque Clinique Chiva : faut le voir pour le croire…

Si l’une des plus chères et plus chics cliniques privées des beaux quartiers tourne ainsi, comment sont les autres ? Si vous êtes à Tevrag-zeina et qu’il vous arrive une urgence, il n’y a que trois cliniques qui vous viennent à l’esprit : la clinique Chiva, la clinique Kissi et plus loin la clinique Ibn Sina car ce sont là les cliniques les plus fréquentées où l’on trouve un maximum de spécialités ou peut-être parce qu’elles sont tout simplement les plus anciennes de cette taille.
 

Il n’est pas question ici de faire une critique constructive de ces établissements car on n’apprendrait  rien à personne. Nous sommes dans un pays du tiers-monde, où plus qu’ailleurs les borgnes sont rois. Je voudrais juste dire mot à propos de ce que je viens de voir à la Clinique Chiva. Tout d’abord, je tiens à dire que nous avons été reçus par un personnel souriant et disponible à tous les niveaux. Nous étions arrivés pour un petit os cassé de la main, affaire qui fut réglée par une petite opération rapide qui s’est très bien passée hamdoullah.

Un grand merci d’ailleurs au médecin qui a pu faire venir l’équipe nécessaire au milieu de l’après-midi alors que nous devions attendre 18h, l’heure à laquelle les médecins sont disponibles pour travailler dans les cliniques privées.

Je n’ai été choqué que par des petites choses pour lesquelles l’établissement devrait faire très attention sinon il risque de faire face à de graves accidents qui peuvent être mortels mais comment imaginer qu’avec de pareilles procédures, il n’y ait pas eu depuis le temps une véritable hécatombe ? Les hôpitaux et cliniques en Mauritanie sont le lieu par excellence du darwinisme.

Quand le charmant médecin qui devait faire l’opération est entré voir la radio et déclencher l’opération, j’ai voulu m’entretenir avec lui deux minutes pour savoir ce qu’il comptait faire au juste, ne serait-ce que pour rassurer l’entourage. Aussi, ai-je demandé si cela devait se dérouler sous anesthésie locale. A sa tête, à son regard flottant, j’ai compris qu’il n’avait pas l’habitude d’entendre pareille question car les clients de ces établissements sont souvent des familles pour lesquelles le médecin est une sorte de demi-dieu avec un savoir absolu avec lequel d’ailleurs nul ne peut se renseigner sans être lui-même savant.

Il m’a donc répondu très brièvement et m’assura que ce serait fait sous anesthésie locale. Quelle fut notre surprise de voir sortir du bloc un infirmier avec les habits du patient, ce qui signifiait clairement qu’ils étaient partis pour une anesthésie générale. En effet, c’était parti et trop tard pour discuter. Ainsi sans prévenir la famille, sans demander la moindre information sur les antécédents du patient, s’il est allergique à quelque chose, s’il a des problèmes quelconques, ils ont décidé de faire l’anesthésie générale pour une affaire qui ne relève d’aucune urgence à savoir un petit os cassé de la main.

C’est très grave ! Puis à la fin, tous les médecins sont sortis ensemble pour dire que hamdoullah, tout c’est bien passé et ils sont partis sans un mot de plus, exactement comme s’ils livraient un animal. On les imagine tout aussi bien sortir l’air triste en disant que ça c’est mal passé mais qu’il n’y a rien à faire contre la volonté divine, sans plus d’explication.

Le plus incroyable à la clinique Chiva, c’est qu’elle est depuis des mois en chantier, on opère dans une atmosphère de peinture, de sacs de ciment etc. Toute la clinique est en chantier et tout tourne comme si de rien n’était ! Où peut-on voir une chose pareille ? Il faut aller voir pour le croire ! Il faut dire qu'à plus de 200.000 un le coût total de l’opération pour un petit os cassé de la main et vu que c’est une usine qui tourne à plein régime, on comprend qu’ils aient préféré continuer à faire de la médecine, même les opérations au milieu d’un chantier que de perdre un client !

De plus, on a évité le pire de justesse à cause d’un planton qui a voulu jouer à l’infirmier : à un moment le goutte-à-goutte était presque fini, un infirmier est entré sans rien dire et il a fait un geste que je n’ai pas vu. Plus tard, j’ai regardé le niveau du liquide très bas et je suis allé voir les infirmiers, et là apparemment c’est un planton, ou tout comme, qui est venu. Quand on lui a montré le sachet vide, il a fait un geste, le même que l’infirmier avant lui. Heureusement derrière lui une infirmière a vu ça, elle est venue et a refermé l’espèce de valve pour empêcher que le peu de liquide qui reste ne continue à entrer dans les veines, faisant place à l’air.

J’ai demandé au zig comment il ose toucher à quelque chose auquel il ne connaît rien, il se mit à rire en disant que ce n’est pas grave «  adi, c’est mon métier ». Puis il est parti.

Dans ce pays, si vous ne connaissez pas tel et tel médecins jusqu’à pouvoir convoquer toute l’équipe, vous ne saurez jamais sur qui vous tombez et on vous traitera comme des gens qui ne connaissent personne, ce qui signifie des gens qui n’ont aucun pouvoir de nuisance. Autant dire l’essentiel des familles mystifiées qui débarquent dans ces cliniques en se ruinant en ignorant complètement le danger potentiel de l’établissement. 

 

Vlane A.O.S.A.

 

Source : Chez Vlane (le 03 juin 2014)

 

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