MEGD’ ALORS : Heureusement qu’il nous reste la Guigui! (7)

Megd’! J’ai connu de longues heures sans eau et sans électricité. J’ai dû me battre des nuits entières contre des moustiques parce que je n’avais pas les moyens de faire autrement. J’ai connu des fins de mois sans sou et sans recours. Mais jamais je n’avais encore fait l’amère expérience de ce qui m’est arrivé samedi dernier. Comprenez donc que je ne puisse pas le nommer, mais essayer de le relater pour vous.

 

C’était aux environs de 18 heures lorsque, rentrant chez moi, j’ai constaté la présence heureuse d’un vieux billet de 1 000 balles dans ma poche arrière. Une belle surprise que je tenais à célébrer, comme il se doit, dans le maquis le plus proche. J’ai serré à droite pour m’offrir une Guigui bien tapée. Dans la buvette où je me suis arrêté, il n’y avait pas grand-chose. Pas de frigo, ni de piste de danse, mais l’essentiel était là: des verres, de la Guigui et un peu de glace. Cela me suffit largement pour rivaliser avec les dieux sans faire la concurrence à Epicure. Megd’!
C’est alors que j’ai décidé de m’asseoir pour prendre un bon temps. Eh oui! Cela faisait très longtemps que je m’était fait un plaisir instantané. Ma poche étant trouée depuis plus semaines, je ne traînais plus guère en ville. Après le boulot, je filais tout droit à mon clapier. Ce soir-là, je pouvais faire un petit rattrapage en sirotant une bonne bibine. Comme mon argent ne me permettait que de prendre une et une seule Guigui, je tenais à le faire à mon rythme, en savourant chaque goutte du précieux nectar. Mais c’était sans compter avec une terrible envie de pisser qui m’a pris subitement. Megd’!
 

Ma bouteille était à la moitié. Et je ne voyais aucun inconvénient à aller traire ma vache et revenir pour poursuivre ma partie de plaisir. Je me retrouve au petit coin à petits trots. Malheureusement, dans l’arrière-cour, il n’y avait qu’un seul urinoir qu’un enfoiré occupait pendant de longues minutes. Je ne pouvais même pas lui parler parce qu’il tenait son zizi avec la main gauche -bien évidemment-, son bigophone étant collé à la tempe avec la main droite. Le drame dans tout ça, c’est qu’il n’était pas pressé de me céder la place. Megd’!

J’ai dû soumettre ma vessie à l’épreuve jusqu’à ce que le salopard finisse son cinéma. Lorsque je retournai dans le bar, il n’y avait plus de bouteille de Guigui, plus de verre. A ma place s’étaient installés un ventru et une go aux dents écartées. Il ne manquait plus que ça. Megd’alors!

 

Journal du Jeudi N°1184 du 28 mai au 4 juin 2014

 

Source : Journal du Jeudi (Burkina Faso)

 

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