Un professeur de collège menacé d’expulsion

D'origine mauritanienne, le professeur de français est expulsable à partir du 16 juin car la préfecture du Val de Marne lui a refusé un titre de séjour salarié. Il enseigne pourtant dans plusieurs collèges de l'Essonne depuis 2011. 

Hassan Kébé est professeur de français dans l'Essonne. Il travaille pour l'Education nationale depuis 2008. D'abord comme assistant d'éducation, pendant ses études, puis comme professeur contractuel, depuis 2011.  

 
 

Un travail qui lui plait, dans un pays qu'il a choisi. Mais la semaine dernière, Hassan Kébé a reçu un courrier de la préfecture: "On m'annonçait que ma demande de titre de séjour salarié, déposée après l'expiration de mon titre de séjour étudiant en 2012, était finalement refusée. Les autorités me donnent 30 jours pour quitter la France, et à défaut, je suis expulsable à partir du 16 juin". Hassan Kébé est mauritanien. Arrivé en France en 2004 pour faire des études de lettres, il a bénéficié d'un titre de séjour étudiant, renouvelé chaque année sans problème. Le jeune homme a d'abord décroché un master de lettres modernes, puis a soutenu en octobre 2012 sa thèse de littérature. A cette époque, Hassan Kébé travaillait déjà comme professeur contractuel et assurait des remplacements dans plusieurs collèges de l'Essonne. 

 

Salarié de l'Education nationale, mais expulsable

Pourquoi cet avis d'expulsion, alors que le professeur de français n'a jamais fait de vagues? Sa faute, pour la préfecture de Créteil, serait d'avoir tardé à demander un titre de séjour en tant que salarié, après que son titre de séjour étudiant ait expiré, en novembre 2012. "Le courrier que j'ai reçu explique que j'aurais dû demander ce changement avant l'expiration de mon titre de séjour étudiant. Sauf que les années précédentes je l'avais toujours fait après, et ça n'avait jamais posé aucun problème!" explique Hassan Kébé. La préfecture lui reproche aussi de ne pas avoir produit de preuve d'inscription dans un établissement d'enseignement supérieur pour les années 2012/2013 et 2013/2014 – mais à l'époque le jeune diplômé était déjà professeur, en bonne et due forme, au service du ministère de l'Education nationale.  

 

"Je n'ai pas envie d'être humilié, menottes aux mains"

Pour défendre le professeur mauritanien, une pétition a été lancée à l'initiative de l'une de ses anciennes collègues, Sylvie Dimet, professeur au collège Jean Moulin de Saint-Michel-sur-Orge, et délégué syndicale SNES: "Nous avons recueilli 104 signatures de professeurs et de personnels des collèges où Hassan a travaillé. Nous allons envoyer cette pétition au préfet du Val de Marne, et à nos députés". La professeure se dit scandalisée par la situation: "L'Education nationale manque de bras et on expulse un professeur qui a tous les diplômes et qui est motivé? C'est n'importe quoi".  

 

Depuis lundi, Hassan Kébé a un avocat, qui va déposer en son nom un recours gracieux auprès de la préfecture. Et si le recours n'est pas accordé avant le 16 juin? "Je rentrerai en Mauritanie, car je ne veux pas être arrêté et qu'on me passe les menottes. Mais après 10 ans en France, ce serait vraiment difficile de devoir partir et de laisser derrière moi ma vie ici, et mes élèves". 

 

"Il aurait dû demander une demande provisoire"

Contactée par L'Express, la préfecture explique que le problème vient d'une mauvaise procédure engagée par Hassan Kébé: "Sa demande de carte de séjour avait la mention 'vie privée et familiale' et ne mentionnait pas la continuité de ses études. Il aurait dû demander une autorisation provisoire d'un an pour, ensuite, obtenir son titre de séjour".  

La situation du professeur va être rectifiée, nous assure-t-on: "Nous avons obtenu des informations supplémentaires de l'Education nationale qui nous a confirmé son parcours. La demande qui lui a été faite de quitter le territoire est suspendue, et il devrait recevoir son titre de séjour". Ce genre d'erreur dans les demandes de régularisation n'est pas rare, explique la préfecture, "quand nous pouvons rectifier la situation nous le faisons, mais parfois les personnes ne peuvent pas être régularisées". 

 

Source: LEXPRESS

 

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