Coincé entre les deux géants sud-américains – l'Argentine et le Brésil –, l'Uruguay est un petit pays d'à peine 3,3 millions d'habitants, qui figure pourtant parmi les grandes nations du football. Une exception relevée par le magazine The Fifa Weekly, cité par le quotidien uruguayen El Observador. En raison de sa taille et de sa population, ce pays “devrait jouer un rôle moins important dans le monde du football”, note le magazine officiel de la Fifa, qui poursuit : “Mais le cas de l'Uruguay ne répond pas à la logique.”
Demi-finaliste du Mondial sud-africain (2010) et vainqueur de la dernière Copa América en Argentine (2011), la Celeste rêve de raviver l'héritage de sa dernière victoire, lors du premier Mondial brésilien de 1950. Les références au “Maracanazo” ont envahi les colonnes de la presse nationale, qui rappelle cette finale épique durant laquelle les Uruguayens avaient terrassé les Brésiliens, donnés favoris, au stade Maracanã.
“L'illusion céleste a commencé”, résume José Mastandrea dans Ovación, la section sportive du journal uruguayen El País. A 30 jours du premier match contre le Costa Rica, le 14 juin, le journaliste mesurait l'importance que représente l'événement pour l'Uruguay : “Ce pays de foot est plus que jamais attentif à [sa] sélection.”
Le seul pays qui fait trembler les Brésiliens
Si chez les Charrúas (surnom des Uruguayens), tout le monde souhaite revivre une finale face au Brésil, le sélectionneur Óscar Tabárez, préfère, lui, garder son sang-froid, quitte à sous-estimer les chances de son équipe. “Nous ne sommes pas une puissance footballistique actuellement”, a-t-il déclaré, dans une interview donnée à la presse brésilienne et reprise notamment par le titre uruguayen La República. “N'importe quel rival est difficile et nous prenons ça comme une motivation.”
Depuis la capitale Montevideo, Magdalena Martínez, correspondante du journal espagnol El País, se montre plus optimiste, dans un article intitulé “Pourquoi l'Uruguay est une puissance du football (même si son sélectionneur le nie)”. Selon elle, l'importance du ballon rond dans le pays s'explique notamment par la relation avec les voisins brésiliens et argentins, “deux géants qui ont souvent écrasé sans égards les modestes Uruguayens”. Et de citer Diego Tabárez, un jeune journaliste local : “Nous sommes le petit frère continuellement frappé par ses aînés, qui finit par apprendre et se convertir en quelqu'un d'immense.”
Zico, l'ancien meneur de jeu brésilien, voit lui aussi le petit voisin du sud comme une menace : “L'Uruguay est l'unique équipe qui peut faire plier psychologiquement la sélection brésilienne”, peut-on lire dans Ovación.
Le fantôme de 1950
Une fois la qualification acquise, en barrage, face à la Jordanie, les doutes ont laissé place aux rêves des Charrúas. Une publicité de la marque Puma, fournisseur officiel de la sélection, a inondé les médias uruguayens et les réseaux sociaux. Intitulée “Le fantôme de 1950 est déjà au Brésil”, la vidéo a été retransmise à la mi-temps du match retour contre la Jordanie. Elle a eu un vif succès sur les réseaux sociaux et a atteint un million de vues sur YouTube.
Récompensée lors du Wave festival, organisé au Brésil, la publicité a été l'objet d'un article dans le journal uruguayen El País, qui fait référence à la gloire footballistique passée : “Une réussite similaire à celle de la Celeste lors du Mondial de 1950 : à l'extérieur et face au local, le Brésil.” De quoi donner la chair de poule aux Brésiliens, qui cauchemardent encore en repensant à cette défaite, pourtant vielle de 64 ans.
Fabien Palem
Source : Courrier international
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