Nouveauté : l’œuvre dérangeante de Hussein Haidara hante actuellement la galerie Zeinart…

Frissons garantis ! Ayant raté son expo originale qui fit grand bruit à l’Institut Français de Mauritanie car j’étais alors en déplacement, je suis arrivé hier au vernissage assez perplexe à cause de mille préjugés mais certain de voir quelque chose de nouveau. A 17H45, j’y suis. Je salue du beau monde et j’entre croyant être accueilli par des petites choses ici et là. Soudain Vlan ! À gauche en entrant tout le mur de la galerie est occupé par cette œuvre stupéfiante et terrifiante qui me fait reculer au premier coup d’œil !
 

Renversé, je tombe de justesse sur le banc installé en face pour récupérer après le choc ; l’occasion de mieux saisir de quoi il s’agit… Puis, laissant dans mon dos la fine silhouette de l’artiste dont l’ombre dense m’accompagne comme un mystique gardien du temple,  je m’avance doucement comme au milieu d’un cimetière… Tout de suite, devant cette masse saisissante, je pense à la porte de l’enfer de Rodin, on ne sait pourquoi. Maître Fourcassié murmure, joignant des doigts le geste à la parole comme un magicien lancerait furtivement un sort pour maîtriser l’atmosphère électrique : « il y a là quelque chose des cercles de Dante ! ».  C’est dérangeant ! Très dérangeant pour quelqu’un de chez nous. Jamais avant lui quelqu’un n’a osé manipuler ainsi des restes de cadavres d’animaux pour en faire des œuvres fruits de son imagination et disposés de la sorte avec un souci chirurgical du détail. On regarde, on voit des choses, on regarde encore on en voit mille autres. C’est très riche comme la charogne de Baudelaire où grouillent mille beaux vers… 
 

Avec cette exposition ( 22 mai au 15 juillet ), Hussein Haidara devient définitivement un artiste à part en Mauritanie, un artiste habité par un souffle brûlant entre deux mondes qui ne peut laisser personne indifférent. On imagine les pressions qu’il doit subir de la part de sa famille et on s’inquiète que le bouche à oreille ne vienne lui apporter l’intérêt des ennemis de l’art en général mais surtout les ennemis de la liberté d’expression quand elle touche aux terrains les plus sensibles ; ceux qui rappellent aux nouveaux ignorants, l’ignorance des temps anciens… 

Un ami diplomate français, pourtant parlant parfaitement l’arabe, me dit tout bas à propos de l’artiste, qu’il n’ose pas communiquer avec lui car en effet, pour qui ne connaît pas Hussein, un être d’une gentillesse sans bornes, sa timidité peut inquiéter quand on a en face la projection de son imaginaire pourtant cet imaginaire qui nous frappe tant, n’est, comme il me l’a dit, que la vie telle qu’elle est , telle qu’elle devient et ce qui en reste… 

Mais la vie, la mort dans leur simplicité ne sont pas le sujet de l’expo, le sujet étant «  les innocents ». Eh  oui ! C’est autre chose ! Monsieur Bourdais, directeur adjoint de l’Institut Français de Mauritanie me fit remarquer que bien que l’œuvre ainsi présentée verticalement lui donne une nouvelle force car elle permet au regard de l’embrasser d’un trait en face de l’autre partie de l’œuvre à savoir des peluches pendues au mur, c’est tout à fait autre chose de voir l’œuvre dans l’atelier du jeune maître où elle était à l’horizontale avec au-dessus les peluches, ce qui donnait là encore à l’œuvre, une tout autre dimension… 

A voir donc sans délais en présence de l’artiste qui, grâce aux contacts de l’artiste galeriste Isabel Fiadero, va aller bientôt en résidence artistique au Mali avant de nous revenir pour des nouvelles expos inchallah.
En attendant, on se demande bien comment un tel artiste peut vivre avec de telles œuvres bien loin de tout ce qui est conçu pour être vendu comme des petits pains. Pourtant une telle œuvre pourrait trouver sa place quelque part chez nous ou ailleurs. Il suffit que l’œil qu’il faut, tombe dessus… 

Tôt ou tard, c’est certain car nul n’échappe à son destin avec tel talent…

Inchallah… 

Vlane A.O.S.A.

 

Source : Chez Vlane (le 23 mai 2014)

 

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