En définitive, personne ne veut se ranger du « mauvais côté » et cherche par le truchement des médias publics à le faire savoir, pour que l’entité représentée ne soit sevrée de la moisson postélectorale.
Ce phénomène exceptionnel, trait spécifique de la démocratie mauritanienne, est apparu au cours du dernier règne de l’ancien président, Ould Taya. Une recette que les thuriféraires de l’ancienne époque semble aujourd’hui vouloir mettre au goût du jour. Il s’agit d’un exercice que certains trouvent utile, voire obligatoire, mais qui fait ombrage aux partis politiques classiques. L’Union Pour la République (UPR), le puissant parti-état ainsi que ses satellites de la majorité présidentielle voient ainsi d’un mauvais œil cet opportunisme béat leur voler la vedette dans le registre de l’applaudimètre.
C’est d’ailleurs avec beaucoup de réticence qu’ils daignent y envoyer des représentants, dans une tentative vaine de récupérer ces élans de fausse solidarité. Seul en effet, le maître du pays, a le privilège de ces adhésions massives qui pleuvent avec une cadence quotidienne qui emplit la moitié des journaux télévisés. Mais pour avoir vécu une longue expérience à l’ombre de ces faux semblants qu’il a eu le loisir d’observer tout au long de son compagnonnage avec Ould Taya, Mohamed Ould Abdel Aziz n’est pas dupe. Il profitera certainement de l’effet de mode, s’il contribuera à lui assurer une confortable victoire au premier tour le 21 juin prochain, mais il n’a que peu d’estime pour ses porteurs. Leur volte-face suite à la chute de Ould Taya, porté aux cieux d’une popularité presque divine pendant presque un quart de siècle de pouvoir, lui a appris à prendre avec parcimonie cet élan « d’amour intéressé ». Dans cette course à la flagornerie, personne n’est en reste.
Le cachet souvent tribal de ces annonces à effet de serre prend de jour en jour d’ampleur. Hier, c’était les Achyakh, puis des religieux en groupe, des Ulémas à titre individuels, des amazones, des chefs de tribu ou de canton…A ce rythme, ce vent de plébiscite aurait, sous tout autre horizon, poussé les gouvernants à s’épargner un scrutin fastidieux et dépensier. Autant écourter le processus, et faire abdiquer les concurrents, en annonçant d’emblée la reconduction du président-candidat à son second mandat. Avec une telle marée d’intention de vote, et boosté par une administration sous les ordres en l’absence de tout candidat potentiellement dangereux, le scrutin ne serait en définitive qu’un passage formel pour valider un vote sans suspens.
Les Mauritaniens savent que même si la communauté internationale se cramponne à un principe factuel de respect des procédures, elle finira par entériner l’élection présidentielle à venir. Les messages de félicitation tomberont et le président pourra reprendre la place qui lui sied dans le concert des nations.
L’opposition qui a longtemps tablé sur l’extérieur pour dénoncer une élection unilatérale et non consensuelle apprend ainsi qu’elle ne peut compter que sur elle-même. Le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) creuset de la contestation politique et sociale a beau multiplier les dénonciations, les roues de la présidentielle du 21 juin 2014 avancent sans obstacle. Hier encore, il dénonçait dans un communiqué un scrutin non transparent et illégal, après avoir fustigé la campagne avant la lettre du président Ould Abdel Aziz lors de sa tournée au Guidimagha et au Brakna. Ses appels au boycott risquent ainsi de n’avoir aucun effet sur le taux de participation, les Mauritaniens n’étant pas boycottistes à cause des pesanteurs socioéconomiques.
Pendant ce temps, l’opposition radicale se voit vidée par des flux de défection massive, chaque jour apportant son lot de nouveaux transfuges qui partent garnir les frontons du parti-état. Après l’UFP, le RFD, Tawassoul, qui ont enregistré des saignées, ADIL a perdu encore du sang, avec le départ de Ould Rzeizim et celui de Iza Mint Hamam. Battu sur le plan de la popularité et de la communication, l’opposition en est aujourd’hui à l’organisation de meetings sans effets, accusant des communicateurs de dénigrer son statut.
JOB
Source : Lauthentic.info
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