Présidentielles du 21 juin 2014 : Les candidats affûtent leurs armes, mais la résistance s’organise

Les candidats à la présidentielle du 21 juin 2014 peaufinent déjà leur stratégie de combat, en mettant en place leur bataillon de campagne. Pendant ce temps, l’opposition radicale, absente de la course et diminuée par d’importantes défections, tente d’organiser la résistance.

 

Contrairement à toutes les prévisions qui donnaient l’ancien commissaire de l’OMVS, Ahmed Salem Ould Merzough, comme directeur de campagne du président Mohamed Ould Abdel Aziz, le choix s’est finalement fixé sur Sidi Ould Salem, un transfuge du RFD (Rassemblement des forces démocratiques), un parti dirigé par l’opposant historique, Ahmed Ould Daddah, dont le parti a décidé de boycotter les échéances présidentielles du 21 juin 2014. Ce choix a été commenté d’ailleurs par la porte-parole du RFD, Mouna Mint Dèye, qui se dit douloureusement touchée que « Sidi Ould Salem puisse accepter de se laisser entraîner dans une campagne électorale carnavalesque qui consacre un scrutin unilatéral et un retour du pays à un régime dictatorial et personnel ».

Mint Dèye s’est dit franchement « désolée de voir un homme qui avait consacré toute sa jeunesse dans la citadelle du combat politique altier, se transformer en un personnage aplati, peureux, terré pendant cinq années dans sa chambre et qui apparaît brusquement comme le conseiller en chef du président mauritanien le plus injuste, le plus dictatorial et le plus corrompu de l’histoire de la Mauritanie, mais aussi le plus dangereux pour la sécurité du pays, sa stabilité et son existence ».

Mais pour les observateurs avertis, le choix de Sidi Ould Salem est guidé par sa connaissance intrinsèque de la géostratégie locale. Il appartient à la communauté harratine dont la donne sera décisive dans un scrutin qui s’annonce lourdement sectaire et communautariste, face à des adversaires politiques qui semblent vouloir reposer toute leur stratégie sur cette carte sociale. Docteur en physique et professeur à la Faculté des sciences et des techniques de l’Université de Nouakchott, Sidi Ould Salem saura ainsi capitaliser au profit du candidat président sortant, sa longue expérience politique d’ancien opposant. Il fut directeur de campagne du leader de l’opposition, Ahmed Ould Daddah ; il a connu également les geôles du temps de Maaouiya Ould Sd’Ahmed Taya suite à l’interdiction du parti UFD/EN, ancêtre du RFD en 2001. Nommé récemment conseiller à la présidence de la République, cet ancien ministre des Finances, membre du gouvernement d’union nationale créée avant l’élection présidentielle de juillet 2009 qui consacra l’élection de Mohamed Ould Abdel Aziz, fut aussi Directeur général de la Socogim.

Il sera épaulé dans sa nouvelle tâche par Hawa Tandia, ancienne commissaire adjointe à la Sécurité alimentaire, Aminetou Mint El Hadj, l’ancien député d’Aleg, El Houceine Ould Ahmed Hadi, désigné porte-parole du candidat. L’équipe comprend aussi Mohamed Ould Djibril, directeur de la campagne nationale au nom des jeunes. Le staff de campagne du président Ould Abdel Aziz renferme également des ministres, comme celui des Pêches Nana Ould Chrougha, Bâ Ousmane ministre de l’Education nationale et Sidi Ould Tah, ministre des Affaires économiques et du développement, directeur de campagne du candidat à Nouakchott.

La campagne du parti El Wiam s’organise elle aussi. Une réunion dans ce sens aurait été organisée hier, dimanche 18 mai, au siège du parti. La réunion aurait été consacrée à la stratégie à adopter ainsi que la désignation de l’équipe de campagne.


La précampagne présidentielle qui a démarré est émaillée par des flux de défection qui ont touché le parti El Wiam et son candidat Boïdiel Ould Houmeit, président du parti, mais aussi le parti islamiste Tawassoul, le RFD…Diminuée mais toujours debout, l’opposition radicale qui a décidé de boycotter la présidentielle prochaine pour absence d’accords consensuels pouvant garantir la transparence des scrutins, a décidé d’organiser une contre-campagne électorale active.

Le parti Tawassoul a déjà organisé dans ce sens un meeting populaire la semaine passée à Arafat pour appeler au boycott, le parti Hatem de Saleh Ould Hanana se prépare à en organiser un autre, alors que sur le plan plus coordonné, le Front national pour la démocratie et l’unité (FNDU) qui regroupe toutes les forces politiques et sociales hostiles aux élections du 21 juin 2014 s’apprête à lancer la grande offensive le 5 mai prochain.

La présidentielle qui s’annonce est surtout émaillée par des plaintes et des dénonciations de maires et de conseillers municipaux, accusant certains candidats d’avoir falsifié leur signature. Interrogé à ce sujet, Balla Touré, conseiller du candidat Birame Dah Abeid, le plus touché par ce mouvement inédit, a déclaré qu’une conférence de presse sera organisée incessamment dans ce sens pour éclairer l’opinion publique. Auparavant, il avait déclaré dans une précédente intervention que la falsification de la signature d’un élu pour cautionner les candidatures à la présidentielle, est impossible. Selon lui, ces signatures se font en présence des autorités administratives et des officiers de la police judiciaire. L’élu en question se présente, muni de sa pièce d’identité, et déclare qu’il signe pour tel ou tel candidat.

Cheikh Aïdara

 

Source : Lauthentic.info

 

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