Le gazage des marcheurs : un coup de yotox sur des cafards…

Après près de 400 km dans les pauvres jambes, c’est bien l’impression que j’ai eue en regardant la vidéo disponible où l’on voit des pauvres gens, jeunes et vieux, le sourire aux lèvres, fiers d’avoir réussi une telle marche pacifique, heureux de l’accueil qui devenait de plus en plus conséquent à mesure que le groupe entrait dans la capitale. A ce moment, ils sont heureux, ils se disent qu’ils ont gagné au moins la sympathie des nouakchottois et ils s’attendaient, à n’en pas douter, à voir le cortège grossir jusqu’aux portes de la présidence pour être reçus par le président des pauvres et lui faire part de leurs doléances comme l’ont fait mille personnes avant eux.

Pourtant, ils auraient dû, dès le départ, se douter que cela n’allait pas se passer ainsi car si l’on comprend bien ce qui s’est passé, l’Etat a convaincu la majorité des chefs de site de rester sur place donc les marcheurs sont les rebelles, ceux qui n’ont pas voulu avoir affaire aux autorités locales préférant aller directement voir le chef de l’Etat pour l’informer, croyant assez naïvement qu’il apprécierait ce geste citoyen.

De même, arrivés aux portes de Nouakchott, où ils ont été arrêtés avec interdiction de continuer, ils auraient dû, là encore, comprendre que les autorités ne voulaient pas laisser entrer cette poignée de pauvres diables en guenilles avec une chaussure pour certains car l’Etat avait déjà peur de la suite, pas à cause des soi-disant infiltrations de casseurs mais surtout du potentiel explosif du symbole car ces marcheurs rappellent de bien douloureux événements où des mauritaniens, désignés comme hratines, en ont massacré d’autres à savoir des négro-mauritaniens, où un Etat a déporté ses citoyens, ou des terres et des biens ont été pillés et gazrés par d’autres citoyens.

Aussi, nul ne pouvait prévoir le potentiel explosif d’une pareille marche en entrant dans la capitale car le pouvoir sait que les communautés sont à cran montées les unes contre les autres par le pouvoir et les mafias malgré les pathétiques litanies à propos de l’unité nationale qui n’a d’unité que le dénominateur commun de la haine, du racisme et de nationale que le mythe dévoré par les mites que sont les faits têtus.

Le pouvoir toujours fébrile malgré des apparences de sang-froid a eu peur et a préféré disperser tout ce monde comme on gaze des cafards surtout après l’épisode du coran profané qui a donné lieu à un cortège en pleine nuit qui avait toute l’allure d’un assaut prémédité qui aurait pu dégénérer. Aussi le pouvoir a préféré gazer comme des cafards. C’est ce qui a eu lieu et tout le monde l’a vu. Le pire c’est que ça marche parfaitement. Les vieux sont tombés, les plus jeunes ont fui.

On aurait pu croire ensuite à la version des autorités selon lesquelles il y avait des casseurs si la suite n’avait donné raison à la politique du cynisme et du mépris. Bien sûr après le yotoxage, il a eu des voitures brûlées comme partout dans le monde face à une telle répression encore qu’on se demande bien à qui profite les débordements après le gazage sinon à la théorie des forces de l’ordre répressives.

En vérité, toute cette fable des casseurs a volé en éclats au moment précis où quelques représentants des marcheurs, qui ont été invités à la présidence comme pour calmer les esprits, se sont vus répondre que le chef de l’Etat, là derrière la porte et  qui a reçu tous les zigs de la république, n’avait pas le temps de les recevoir et qu’il leur fallait retourner à Boghé à pied s’ils le veulent pour rencontrer Aziz car il va aller là-bas faire son cinéma.

Voilà la culture du makhzen mauritanien : le plaisir d’humilier.

https://www.youtube.com/watch?v=N4_yIUXw-v8

 

Vlane A.O.S.A.

 

Source : Chez Vlane (le 15 mai 2014)

 

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