Car toute la plateforme revendicative de l’opposition a été écartée par Ould Abdel Aziz et sa majorité. Du coup, le FNDU qui regroupe 17 partis et organisations de la société civile, menace de boycotter l’élection présidentielle, prévue le 21 juin.
La majorité, par la voix du premier ministre, affirme, cependant, maintenir « ouverte » la porte du dialogue, mais ne fait aucune concession.
Tout le monde a abattu ses cartes. Ceux qui croyaient au dialogue, à un gouvernement d’union nationale, ou encore à un probable report des élections. Ceux aussi, qui faisaient semblant d’y croire. Tout ce monde est redevenu réaliste et constaté l’échec.
Pour une fois, des camps que tout oppose ont accepté d’avaler la pilule amère du désaccord, et mis fin au subterfuge. Mais comme il fallait faire semblant, tout le monde y est allé.
Certains, avec des convictions profondes d’autres, par simple calcul politique. Et dans les deux camps, la sincérité a un peu fait défaut.
Le milieu politique mauritanien, éclaté, fait d’hommes aux origines, aux idéologies et aux objectifs différents, a une nouvelle fois prouvé son incapacité à dépasser les clivages et les intérêts particuliers.
D’abord, un parti-état composé d’hommes qui se sont adaptés à la nouvelle réalité et qui, par réalisme ou « carriérisme » composent avec le détenteur pouvoir. Ces adhésions circonstancielles, et le mode de fonctionnement de l’UPR ne sont pas sans rappeler, en effet, le PRDS.
En très peu de temps, cette formation a réussi à fédérer, aussi bien les ambitieux que les nostalgiques d’un parti fort, qui est plus un rouleau compresseur qu’un regroupement autour d’un idéal. Pour ses militants, la politique est perçue comme un tremplin pour atteindre un «statut» rêvé.
Sans plus. On y retrouve aussi bien des politiciens (anciens ministres, anciens députés et sénateurs, jeunes cadres ambitieux….), que des hommes d’affaires qui cherchent à préserver leurs intérêts.
Tous attendent impatiemment les élections pour « croiser le fer avec les autres formations politiques » et leur demander de «dialoguer» revient à les pousser à renoncer à certains privilèges.
Les partis satellites de l’UPR (UDP, RDU), se contentent, pour leur part, de l’antichambre qui leur est réservée, et suivent les décisions de l’UPR, quoi qu’il leur en coûte.
L’opposition offre, quant à elle, un visage particulier. De la CAP (coalition pour une Alternance Pacifique), à la COD (Coalition pour une Opposition Démocratique), les partis sont pour la plupart, sans ligne directrice claire, sans programme et se confondent souvent avec leurs leaders, aux tempéraments et stratégies différents.
Et pendant que certains campent dans un radicalisme total, d’autres affichent une attitude souple en répondant parfois aux propositions d’autres camps et n’hésitent pas à faire faux bond à leurs compagnons.
Mais que peut-on attendre d’une formation comme le RFD, qui balaye toute proposition, en se murant dans une position de perpétuelle contestation. Faut-il croire, que son président, qui, par ailleurs, n’a aucun mandat électif, n’a d’autre objectif que la présidence ?
Si Ahmed Ould Daddah détonne pour son radicalisme et sa durée à la tête de son parti, Messaoud Ould Boulkheir joue à l’équilibriste. Tout en restant dans l’opposition, il tente de persuader le pouvoir de mettre en place un gouvernement d’union national. Cette perspective, on le sait, est honnie par l’UPR et Ould Abdel Aziz.
Ould Daddah, comme Ould Boulkheir seront absents aux élections. En effet, le premier suivra, sans aucun doute, la consigne du boycott, alors que le second, a affirmé son intention de ne pas se présenter tant que les conditions ne sont pas réunies. C’est là, une forme de boycott, mais formulée autrement. On ne sait jamais…..
Les coalitions de partis qui sont des regroupements hétéroclites, fruits, parfois, d’alliances contre nature et minés par les egos de leurs dirigeants et les divisions et internes, font, par ailleurs pâle figure, face à un parti présent dans tous les rouages de l’Etat.
Les dissensions ont par ailleurs comme dommage collatéral, le renforcement de sentiment de supériorité de l’UPR qui se trouvant face à un adversaire désuni ; refuse toute concession.
Car, il faut le dire, l’UPR a usé à fond du « fait accompli », prenant comme base de discussions de Mohamed Ould Abdel Aziz. Or on sait que ce dernier, à rejeté en bloc, les revendications les plus sensibles et auxquelles tenait l’opposition.
L’échec du dialogue était prévisible, dès lors que les représentants du pouvoir suivaient des consignes venues d’en haut.
Les efforts pour arriver à un consensus ont été vains, parce que sabotés par les uns et les autres. Par un pouvoir qui se réfugie dans ses certitudes et qui ne veut rien lâcher : ni report des élections, ni gouvernement d’union national. Par une opposition qui sait pertinemment que ses propositions seront rejetées par leur ennemis intime, qui depuis qu’il a été démocratiquement élu, n’a jamais cessé de faire campagne.
L’opposition a brandi la menace du boycott. Pour l’instant, pas une ombre de consensus ne se dessine et chacune des parties accuse l’autre d’avoir saboté des négociations qui, en réalité, n’ont jamais eu lieu. Cette situation place le candidat Aziz dans une situation délicate. Une victoire acquise en l’absence de représentants d’une opposition forte, s’avère souvent amère. Que fera-t-il pour la transformer en choix du peuple….
S. Amine
Source : Le Rénovateur Quotidien
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