MEGD’ ALORS : Heureusement qu’il nous reste la Guigui!

Megd’! Le moral scié par la chaleur torride qui s’était abattue sur la capitale, je cherchais une occasion pour une escapade rafraîchissante, à défaut de pouvoir m’offrir une bonne douche de Guigui. Lorsqu’un de mes potes m’a proposé de l’accompagner dans un village pas très loin, je n’ai pas hésité à sauter dans son vieux tacot. Comme pour ne pas m’arranger, le zigue a prévu le départ pour 14 heures tapantes. Il suffit de lever les yeux vers le ciel à cette période de la journée pour avoir l’impression que la couche d’ozone s’est percée. Il faut être un dur à cuire pour vivre dans des conditions climatiques aussi dures.

 

Megd’! Sans me poser trop de questions, j’ai consenti au sacrifice de prendre un coup de soleil dans l’espoir d’aller respirer un peu d’air frais en campagne. Que nenni! Quand nous sommes arrivés dans le village, il y avait à peine d’ombre. Le seul endroit où l’on pouvait sentir un peu d’ombre était occupé par de nombreux fainéants qui devaient y être entassés depuis le matin, sans bouger. On avait l’impression que la chaleur avait arrêté toute activité dans le bled. Et que la seule chose qui méritait encore d’être faite, c’était de s’asseoir sous le seul arbre encore clément et de somnoler.

Megd’! Le gars que mon pote était allé voir ne faisait pas mieux. Contrairement aux autres, lui au moins il dormait dans sa maison, une villa dont il est le seul à s’offrir le luxe dans le village. Normal, lorsqu’on est guérisseur célèbre, on se soigne d’abord le mal le plus répandu dans ce foutu village. N’allez surtout pas y chercher la fièvre d’Ebola. Ce virus ne résisterait pas sous 50° à l’ombre. Chez nous, la maladie la plus répandue, c’est la galère qui frappe jusqu’au cerveau des plus fainéants. Megd’!

Puisque notre guérisseur dormait, il nous fallait quelqu’un d’autre pour répondre à nos questions. C’est alors qu’un jeune homme nous conduit à un de ses adjoints. Surprise! L’enfoiré aussi dormait. Cette fois-ci dans une chaise creuse et en plein air. Les gens qui étaient assis à côté de lui et qui devaient en avoir marre de dormir étaient qui à se gratter la tête, qui à se foutre le doigt dans les narines ou à rêvasser. Je veux bien de l’air frais de la campagne. Mais des gens qui n’ont rien d’autre à faire que de dormir, je ne suis pas sûr d’être bien tombé. Je préfère encore la chaleur et une Guigui de temps en temps que ce bled d’enfoirés et de fainéants.

 

 

 

 

(N°1180 du 1er au 7 mai 2014)

 

Source : Journal du Jeudi (Burkina Faso)

 

 

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