Mauritanie : TPMN perd la première bataille des commémorations de 89

La diaspora est descendue dans la rue le 26 avril dernier à Paris pour commémorer les 25 ans de déportation des négro mauritaniens au Sénégal et au Mali. Au même moment à Nouakchott les forces de l’ordre réprimaient violemment les manifestants sous la houlette du mouvement citoyen TPMN en faisant des blessés et des arrestations dont des militants des organisateurs. Une répression condamnée par les partis négro mauritaniens dont le MPR de Kane Hamidou Baba qui lance un appel pour leur libération. 

Ce manque de respect notoire de la liberté d’opinion inscrit dans la constitution indigne les observateurs qui voient dans ces évènements une volonté du régime de Ould Aziz de donner un coup d’arrêt au règlement du passif humanitaire et une détermination à aller jusqu’au bout de la mascarade de la question nationale.

Faut pas rêver en Mauritanie. La réconciliation nationale est un mot qui fâche et qui traduit des maux profonds dans la société mauritanienne. Rejeté par le régime de Ould Aziz et adopté par les forces de la société civile et les partis négro mauritaniens il recouvre une réalité. Un tabou dans un pays longtemps gouverné par des militaires dont beaucoup sont aujourd’hui impliqués dans des crimes commis entre 86 et 92.La loi d’amnistie sous le régime de Ould Taya en dit long. Ould Aziz ne fait pas exception à la règle. Depuis juillet 2009 il a tourné le dos à la réconciliation nationale. Le coup d’arrêt du rapatriement des réfugiés du Sénégal en 2012 et la négation des milliers d’autres au Mali , la lenteur des décisions pour la réintégration des 20000 qui sont disséminés dans les régions du Sud, leurs fiefs d’origine, la dissolution de l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés ( ANAIR) pour mieux diviser les noirs  en la remplaçant par une Agence nationale de lutte contre l’esclavage et la pauvreté sont autant de facteurs qui ne trompent personne.

En réprimant cette semaine à Nouakchott les manifestants  qui entendaient commémorer les 25 ans de déportation de plus de 200 000 négro mauritaniens au Sénégal et au Mali et faisant des blessés et des arrestations parmi les dirigeants du mouvement citoyen TPMN le gouvernement mauritanien ne respecte pas le droit d’opinion inscrit pourtant dans la constitution. Une répression qui indigne le MPR de Kane Hamidou Baba qui appelle à la libération des détenus .Cette commémoration intervient au moment où quelques centaines de réfugiés  du Sénégal partis de Boghé sont entrain de marcher vers la capitale pour protester contre leurs conditions difficiles dans les camps de fortune depuis leur retour en 2008. Tout cela avec la claire intention de remettre sur le tapis la cohabitation entre les différentes communautés qui devra passer par le règlement du passif humanitaire. Mais 25 ans après c’est l’impasse politique. Le dossier est lourd et met en cause beaucoup de personnalités militaires voire civiles qui sont aujourd’hui dans les rouages de l’Etat mauritanien ou se sont retirés de la vie politique ou simplement à la retraite .Une véritable menace pour le pouvoir actuel si la justice est mise en œuvre pour juger les coupables. Une première bataille perdue par TPMN mais pas encore la guerre des commémorations.

 

Bakala Kane

 

(Reçu à Kassataya le 27 avril 2014)

 

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