Nouvel Aéroport international de Nouakchott : Troc, opacité, retards…

Le conseil des ministres du jeudi 13 octobre 2011 avait approuvé le projet de construction d’un nouvel aéroport à Nouakchott, et commentant cette décision le ministre de l’équipement et des transports, M. Yahya Oyld Hademine, avait affirmé que la réalisation de ce nouvel aéroport débuterait dans deux mois et que la fin des travaux étaient attendus 24 mois plus tard, c'est-à-dire dans un délai de 2 ans.

 

 

Et de fait dimanche 28 Novembre 2011 le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, avait donné le coup d'envoi des travaux dans le cadre de la célébration du 51ème anniversaire de l'indépendance nationale. L’infrastructure, dont le coût n'a pas été révélé, est réalisée par un consortium de sociétés nationales et devait être d’une superficie de 18.000 mètres carrés, et comporter deux pistes capables d'accueillir les plus gros avions, y compris les Boeings 747 et Airbus A380, avec une capacité totale prévue de 2 millions de passagers par an, un pavillon voyageurs, un pavillon pour le fret, des parkings pour avions, des salons d'honneur présidentiels et ministériels, un hangar d'entretien de 4800 mètres carrés, une tour de contrôle de 42 mètres de hauteur et six passerelles satellites de liaison avec les avions.

Alors que le premier délai de livraison était prévus en 2013, Najah For Major Works avait d’abord demandé à le reculer jusqu’à janvier 2014 puis à la faveur d’une visite organisée pour la presse nationale en Novembre 2013, elle annonça subrepticement que finalement le délai de livraison sera en Aout 2014 et, surprise : lors de la visite de chantier organisée hier pour les parlementaires Najah For Major Works a annoncé tout aussi subrepticement que finalement l’aéroport ne sera livré qu’en… janvier 2015 soit prés de deux ans après le délai initialement prévu. Rappelons que, Interpellé sur le sujet par « Financialafrik » le ministre mauritanien de l’équipement et des transports, Yahya Ould Hademine, délivre d’abord une réponse formelle et sans détour « l’ouvrage sera livré en 2014, donc à temps ». Il admet par la suite « la possibilité d’un léger retard ».
 

On sait que dans le secteur des BTP, les retards sont généralement sanctionnés par des pénalités dont doit s’acquitter l’entrepreneur qui aura laissé trainer les travaux. Sachant que le gouvernement a rempli toutes ses obligations et même au-delà en permettant à la SNIM de se substituer aux banques pour avancer plus de 15 milliards d’ouguiyas à Najah For Major Works pour lui permettre de continuer les travaux. Soulignons que la convention stipule clairement que l’entreprise ne peut pas hypothéquer les terrains issus du contrat et se trouvant sur le site de l’ancien aéroport sauf autorisation expresse du gouvernement approuvée en Conseil des ministres. Mieux encore le gouvernement mauritanien a gratifié Najah For Major Works de deux avenants à la convention initiale. Le premier est relatif à des travaux de voierie et d’adduction dans la zone de l’aéroport et le deuxième est relatif à la construction d’un aéroport militaire avec ses équipements. Bien entendu le montant décaissé pour ces différents avenants n’a jamais été révélé et les conditions de leurs négociations sont demeurées opaques. Tout ce que l’on sait c’est que contrairement à la convention de base, cette fois c’est en espèces sonnantes et trébuchantes que NFMW s’est fait payer.
 

Cependant malgré les dénégation de son directeur général Mohiédine Ould Ahmed Saleck Ould Bouh(groupe ciment de Mauritanie) appuyées par celles du ministre de l’Equipement Yahya Ould Hademine, le projet a visiblement été revu à la baisse et on risque fort d’avoir des équipements d’entrée de gamme et des ambitions plus modestes que prévues.
 

A titre d’exemple, la tour de contrôle initialement prévue à 42 mètres a été ramenée à 36 mètres, le parking prévu pour 1200 véhicules a été ramené à 600 et des équipent normalement inclus dans la convention se sont retrouvé par un tour de passe passe à la charge du gouvernement mauritanien. Obtenu dans des conditions obscures et payé par un troc inhabituel, le marché de construction du nouvel aéroport international de Nouakchott n’a cessé depuis son premier coup de pioche de soulever des controverses à tous les niveaux. Alors que le texte de la convention est jalousement gardé secret, des langues commencent à se délier pour dénoncer des aspects secrets de cette opération. La dernière en date c’est la révélation de l’octroi à Najah For Major Works de 10 ha situés sur le nouvel aéroport et sur lequel elle a déjà édifié ses bâtiments de chantier et qui, par la force des choses acquerront une valeur inestimable.

MSS

 

Source : Le Quotidien de Nouakchott

 

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