A Dakar, Karim Wade devrait être jugé en juin

Le fils de l'ancien président sénégalais est poursuivi pour " enrichissement illicite "

 

Détenu depuis un an à la prison de Rebeuss, à Dakar, Karim Wade, fils de l'ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, va être jugé. " Karim Wade reste en prison et sera jugé dans deux mois pour enrichissement illicite ", a fait savoir, jeudi 17 avril, une source proche du ministère de la justice sénégalais. Après une année d'instruction, les juges pouvaient décider d'un non-lieu, ordonner son jugement ou prolonger sa détention préventive. D'autres prévenus, poursuivis pour " complicité d'enrichissement illicite " dans cette affaire, ont aussi été renvoyés devant la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), a ajouté la même source.

Très attendue, cette décision ouvre une nouvelle étape dans le feuilleton judiciaire opposant depuis un an la justice sénégalaise et les avocats de Karim Wade, qui dénoncent un procès politique contre leur client. " Ce procès va permettre de montrer au monde la légèreté des accusations portées contre notre client ", avance Me Demba Ciré Bathily, l'un des avocats de Karim Wade.

Personnage controversé, le fils de l'ancien chef de l'Etat avait occupé d'importantes fonctions au sein des différents gouvernements de son père (2000-2012). Conseiller, il fut plusieurs fois ministre, surnommé par certains le " ministre du ciel et de la Terre ", en raison de ses larges pouvoirs. En 2011, la tentative d'Abdoulaye Wade de modifier la Constitution pour permettre à son fils de lui succéder avait provoqué des émeutes à Dakar et forcé le chef de l'Etat à retirer le projet. Arrivé au pouvoir en 2000, Abdoulaye Wade fut finalement battu à l'élection présidentielle de 2012.

Le gouvernement de son successeur, Macky Sall, avait alors lancé une traque des biens supposés mal acquis par d'anciens hauts responsables, dont des ministres. Karim Wade a été inculpé et écroué une première fois le 17 avril 2013 par la CREI, accusé d'avoir acquis de manière illicite des sociétés, des biens immobiliers et des véhicules, pour une somme de près de un milliard d'euros. Le 16 octobre 2013, il faisait l'objet d'une nouvelle inculpation au sujet de sommes, estimées à plus de 150 millions d'euros, qui auraient été déposées dans une banque à Monaco. Deux jours avant la fin de l'instruction, un nouveau compte à Singapour, de quelque 70 millions d'euros, lui a également été attribué.

Chasse aux sorcières

Depuis le début de l'affaire, ses avocats accusent le nouveau pouvoir de mener une chasse aux sorcières. " Il n'y a aucune preuve écrite, aucun document, estime Demba Ciré Bathily. Au début, l'accusation parlait de 800 milliards de francs CFA d'enrichissement. Maintenant, il est question d'une centaine de milliards. Ces accusations sont grotesques. " Les défenseurs de M. Wade mettent notamment en cause la CREI, une juridiction créée en 1981 et relancée par le président Macky Sall, dénonçant entre autres le fait que ses décisions ne puissent pas faire l'objet de recours. " C'est une violation des droits de la défense ", martèle Me Bathily.

Début avril, lors d'une audition devant de la commission d'instruction de la CREI, Karim Wade avait refusé de répondre aux magistrats et dénoncé les procédures actuelles. " Les poursuites contre moi sont politiques et fantaisistes ", avait-il dit, estimant que la CREI n'est pas compétente pour le juger : " Je relève de la Haute Cour de justice. " Mardi 15 avril, le ministre de la justice sénégalais, Sidiki Kaba, avait assuré que Karim Wade aurait droit à " un procès juste et équitable ". " Tous ceux qui sont impliqués dans la traque des biens supposés mal acquis bénéficient de la présomption d'innocence. "

 

Charlotte Bozonnet

 

Source : Le Monde

 

 

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