Nos hommes politiques nous livrent chaque jour des scènes vaudevillesques de leurs relations acrimonieuses. L’opinion nationale dépité par l’inconstance de ceux qui font l’histoire et la font subir à un peuple qui continue de se remplir les oreilles de joutes oratoires.
Une symphonie biscornue dont ne cesse pourtant de se gargariser les leaders politiques mauritaniens. Si en politique les débats et contradictions peuvent aboutir parfois à des résultats probants, tel n’est pas le cas en Mauritanie où le verbe s’opposer ne fait pas bon ménage avec le verbe gouverner.
Et pour cause ! Ceux qui sont au pouvoir confondent l’exercice du pouvoir avec le monopole des institutions de la République, piétinement des libertés…
Ces hommes qui tiennent toutes les ficelles s’arrogent tous les
droits, se moquent des règles de courtoisie les plus élémentaires qui donnent un peu d’entrain aux rapports humains ou politiques peu importe les différences de point de vue.
Si l’opposition n’est perçue que comme une arme offensive dangereuse portée pour déstabiliser, comment le dialogue pourrait-il rapprocher des belligérants qui ne se rencontrent que pour se donner des coups de poings ? Il y a trop d’occasions perdues pour rien.
Les mauritaniens sont tristes de voir leurs hommes se regarder avec mépris comme de viles acteurs d’un théâtre au mauvais goût. Là où manque l’élégance et le fair-play l’ambiance pend des allures maussades. Et c’est cette attitude quasi – permanente qui ferme toute possibilité au dialogue et à une discussion responsable.
Depuis que nous sommes entrés dans l’ère de la démocratie, nous n’avons pas vécu des périodes de détente politique permettant à la scène nationale de retrouver une vie normale où le peuple fait confiance en ces hommes.
Ce sont d’interminables retournements de vestes, de danse du ventre, de fausses incarnations de modèles copiés aveuglement qui finissent par s’effilocher une fois les masques tombés.
Trop de scènes vaudevillesques se jouent entre les politiciens de ce pays. Le pouvoir a réussi à se frayer plusieurs chemins pour s’imposer comme le maitre de la partie. Il a laissé longtemps sur le banc d’attente d’autres qui finiront par retrouver des reflexes d’opposants peu convainquant aux yeux d’une opinion qui n’a pas de mémoire courte pour se souvenir de leurs déclarations fantaisistes, hier seulement.
En politique il y a des niveaux de chute qui ne donnent plus la chance de se relever pour mentir une seconde fois au peuple. Quand la politique rime avec farce et manque de cohérence dans les comportements, tous les jeux sordides sont permis. Mais rien de durable ne résiste sur un édifice précaire.
Le socle sur lequel notre scène politique s’est édifiée est fragile pour supporter tous ses faux rendez-vous entre les pôles politiques. A chaque fois ce sont les mêmes cirques qui recommencent et se terminent lamentablement.
Cette fois encore ils se sont jurés de ne pas s’entendre sur une plate-forme politique afin d’organiser une présidentielle où toute la classe politique serait unanime. Aussitôt rencontrés aussitôt séparés comme des gros enfants qui se donnent invectives et piquants.
Comme pour signifier au peuple qu’il ne peut compter ni sur un Président prostré dans une attitude herculéenne ni sur des hommes politiques rompus aux mêmes micmacs en attendant le renouvellement d’une classe politique et avec elle le type de dirigeants farfelus parachutés par la volonté d’une armée affairiste parraineuse de saltimbanques .
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur Quotidien
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