Muhammad al-Rajil se doutait qu’il aurait des résistances à sa demande. Bien que les Français continuassent à le reconnaître comme Roi des Braknas et qu’ils lui payaient les cadeaux coutumiers et lui rendaient des honneurs, ils ne dissimulaient plus leur mépris à son encontre.
L’année précédente, Muhammad al-Rajil n’avait pu empêcher une soudaine poussée de violence et de vols à l’escale qui avait conduit à la suspension provisoire du commerce de la gomme. Durant la saisonsaison
Deux semaines plus tardplus tard
En Août, Mhammad wuld Sidi répartit nomadiser au Nord, laissant Muhammad al-Rajil protester auprès du Gouverneur sur son bon droit sur les coutumes. Il rappelait au Gouverneur qu’il ne souhaitait que « ce que allâh et mes ancêtres [abâ‘i] ont reçu de vousvous
Muhammad al-Rajil était conscient que le Gouverneur pensait l’abandonner. Il y avait au moins deux autres chefs des Ahl Aghrish qui pouvaient être reconnus comme Roi des Braknas. Le plus puissant était Muhammad wuld Sidi. Cependant, le Gouverneur avait d’autres idées en tête, quoiqu’à plus long terme. Après le chaos des mois passés, les Français avaient pris en charge un jeune garçon de douze ans, Sidi A‘li, et l’avaient placé au service du Gouverneur à Saint-Louis. Sidi A‘li était le fils survivant de Ahmaddu, le chef Brâkna qui avait contrôlé l’escale en tant que Roi des Braknas entre 1818 jusqu’à son assassinat en 1841. Les Français se rappelaient l’époque de Ahmaddu comme un temps de paix et de stabilité politique. Ils attendaient le jour où Sidi A‘li pourrait succéder à son père. À leurs yeux, Muhammad al-Rajil et les autres chefs qui agissaient en tant que Rois depuis 1841 étaient des régents, des gardiens du « trône » dont le temps s’achèverait lorsque Sidi A‘li, le successeur légitime serait en âge de reprendre le titre. Reverdit avait signifié à Muhammad al-Rajil en termes secs, que les coutumes revenaient à Ahmaddu et qu’elles devaient revenir en droit de succession légitime à Sidi A‘li. Cependant, Muhammad al-Rajil poursuivit sa réfutation :
« Quant à ce que Reverdit a dit, c‘est-à-dire que les coutumes [mkabbul] appartiennent à Ahmaddu : les prédécesseurs [sâbiq] d’Ahmaddu, qui reçurent les coutumes étaient son père et son grand-père. La raison pour laquelle je les ai prises est que je suis en charge des affaires [tawallâ al-amr] du peuple [qawm] de Ahmaddu. Commander est la même chose chez vous les chrétiens. »
L’opposition des hypothèses implicites est ici patente. Pour Reverdit et les autorités du gouvernement de Saint-Louis, l’ordre de succession apparent du grand-père, du père de Ahmaddu, et de Ahmaddu lui-même confirmait leur supposition que le fils de Ahmaddu devait un jour hériter de la chefferie. Muhammad al-Rajil présentait au contraire une argumentation opposée. Ses prédécesseurs avaient revendiqué leurs coutumes non par droit de succession, mais parce que chacun d’entre eux « avait prit en charge les affaires des Ahl Aghrish. » Il mettait en avant un concept d’autorité enraciné dans un discours sur la responsabilité tribale. Les coutumes sont un droit collectif qui appartient au « peuple » (qawm). Muhammad al-Rajil mettait en avant sa capacité en tant que gardien de ce droit, à l’instar de Ahmaddu précédemment. Il n’avait pas hérité d’un droit, mais sa position impliquait le même droit que celui de Ahmaddu.
En tentant d’exprimer ces idées à son correspondant de Saint-Louis, Muhammad al-Rajil trouva une analogie évidente : « le commandement se passe de la même manière chez vousvous
A suivre…/
Dr Raymond M. Taylor[1]
Saint Xavier University, Chicago (États-Unis)
Traduit de l’Anglais par Christophe de Beauvais .Publié dans : Colonisations et héritages actuels au Sahara et au Sahel, sous la direction de Mariella Villasante Cervello, Paris, L’Harmattan : 205-236.
[1] Ce textetexte
[1] Les événements de l’Escale du Coq et les dispositions pour lespour les
[2] ANS 9G-4, 31-32, Le 4 Août 1848, MuhammadMuhammad
Source : Adrar-info.net (Le 14 avril 2014)
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com