Selon Jenny Hodgson, directrice exécutive du groupe Global Fund for Community Foundations, l’émergence d’une nouvelle classeclasse
Le mécénat ne se développe pas seulement dans les nouvelles puissances économiques, mais également au sein de l’élite de pays africains encore relativement pauvres.
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Mme Hodgson estime que l’essor des philanthrocapitalistes locaux n’est pas seulement une réaction au rétrécissement des flux humanitaires Nord-Sud, mais également la reconnaissance des défauts du modèle de développement dominant, « avec ses cloisonnements thématiques, la courte vision de ses projets et la redevabilité ascendante envers les bailleurs de fonds étrangers ». Les initiatives financées localement peuvent en revanche « adopter des approches plus globales, plus flexibles et à plus long terme qui peuvent renforcer la résilience et la cohésion sociale au sein des communautés », a-t-elle dit.
Attirer l’attention des mécènes locaux exige certainement un apprentissage considérable de la part des organisations non gouvernementales (ONG) et des mécènes eux-mêmes. Si les premières sont habituées au langage technocratique des bailleurs de fonds et aux lourdes procédures bureaucratiques exigées par les bailleurs de fonds étrangers, les seconds parlent le langage des affaires et ont tendance à vouloir « trouver une solution économique à tous les problèmes », a dit Mme Hodgson.
Une autre difficulté, selon Dugan Fraser, coordinateur de la Social Justice Initiative en Afrique du Sud, est que chaque mécène agit différemment et les ONG doivent s’habituer au style, à la personnalité et aux manies de chacun.
Les organisations de la société civile d’Afrique du Sud trouvent de plus en plus avantage à travailler avec des donateurs locaux, a ajouté M. Fraser, et pas seulement parce que la bureaucratie et l’exigence de lourds rapports sont moindres. « Il est bien mieux d’avoir quelqu’un localement, qui comprend le contexte local et connaît les acteurs locaux. Les programmes sont ainsi plus étroitement liés à la dynamique nationale », a-t-il dit.
En outre, les gouvernements et les communautés étant généralement soupçonnés de devoir se plier aux objectifs cachés ou imposés des bailleurs de fonds étrangers, les programmes financés localement ont tendance à être plus crédibles et mieux soutenus par la population locale, a ajouté Mme Hodgson.
Méfiance des mécènes locaux envers les programmesprogrammes
Certaines personnes reprochent aux mécènes locaux de ne pas toujours être disposés à financer des programmes relatifs aux droits de l’homme, estimés « politiquement sensibles », car cela pourrait être considéré comme suspect par les gouvernements et les nouveaux riches. Lucia Nader, directrice de l’ONG brésilienne de défense des droits de l’homme Conectas, estime que la philanthropie brésilienne ne s’est pas développée au même rythme que l’ascendance politique et économique du pays dans le monde.
Dans un article publié récemment sur Opendemocracy.net, Mme Nader a affirmé que bien que les Brésiliens aient l’habitude de faire des dons à des oeuvres de bienfaisance, « il n’existe pas de mécénat durable et organisé à destination de groupes de défense des droits de l’homme bien établis et professionnels », par exemple. Cette richesse n’a pas été exploitée par les organisations en partie parce que jusqu’à présent, ces dernières n’en ont pas eu besoin.
Mme Nader a également cité l’opinion publique, qui, dans ce pays où le taux d’homicide s’élève à 50 000 meurtres par an, pense que les groupes de défense des droits de l’homme oeuvrant dans le domaine de la réforme du système judiciaire, par exemple, ne font que donner du pouvoir aux criminels. « Cela dit, cela en train de changerchanger
En Afrique du Sud, les mécènes locaux ont toujours donné avec générosité, a dit M. Fraser, mais ils ont néanmoins tendance à éviter les causes ouvertement politiques telles que les droits de l’homme et la justice sociale et préfèrent offrir leur argent à des organisations oeuvrant dans des domaines plus « prudents » comme l’éducation, la santé et l’environnement.
Selon M. Fraser, il semblerait cependant que certaines oeuvres de bienfaisance locales, comme le Millennium Trust et la fondation Bertha, commencent à occuper cette niche. « Elles commencent à se rendre comptecompte
Au lendemain des inondations de 2012 au Nigéria – les pires que le pays a connues depuis des décennies – le gouvernement a créé un comité dirigé par l’industriel Aliko Dangote, auquel des entreprises privées ont fait des dons considérables qui ont permis de venir en aide à quelque sept millions de personnes. Le Presidential Committee on Flood Relief and Rehabilitation (Comité présidentiel pour les secours et le rétablissement post-inondations) s’était fixé un objectif d’environ 640 millions de dollars pour la reconstruction et le rétablissement immédiat et à long terme. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, le comité a collecté 70 millions de dollars en un seul dîner-bénéfice. Peu de détails ont cependant été fournis concernant le versement de ces donsces dons
En Inde, selon Maja Daruwala, directrice exécutive de l’Initiative des droits de l’homme du Commonwealth, les dons de bienfaisance ont toujours été courants, mais « le concept de soutenir les droits de l’homme ou, devrais-je dire, les organisations de défense des libertés civiles, ne tente pas les financeurs ou les mécènes locaux ». Les programmes relatifs aux droits économiques et sociaux et à la prévention de la violence envers les femmes et les enfants obtiennent des fonds tant que leur objectif affirmé est d’améliorer la situation des victimes, mais pas de leur permettre de « s’élever pour défendre leurs droits », a-t-elle ajouté.
Selon Mme Hodgson, les populations les plus fortunées des pays émergents peuvent avoir tendance à tenir les plus défavorisés pour responsables de leur propre pauvreté. « Il y a cette philosophie du “je m’en suis sorti par mes propres moyens, pourquoi ne pourrais-tu pas en faire de même ?” »
Mettre les plus nantis à contribution dansdans
Le développement du mécénat local dans les pays émergents a néanmoins incité Human Rights Watch (HRW) à étendre son modèle de mise à contribution des hauts revenus dans les pays développés en cherchant également à obtenir des dons des populations les plus aisées des pays en développement. « Il est important pour nous que nos bailleurs de fonds proviennent d’autres pays que ceux d’Amérique du Nord et d’Europe de l’Ouest », a dit Elizabeth Seuling, directrice principale du bureau de liaison avec les fondations et les programmes de HRW.
Voir : Développement de la philanthropie en Afrique
HRW collecte des fonds en Afrique du Sud, au Brésil et Inde en partie parce que l’organisation veut que « son travail soit soutenu par des habitants de pays influents sur la scène mondiale ». Selon Mme Seuling, HRW a été confronté à des difficultés différentes dans chaque pays, allant « des lois qui limitent notre capacité à récolter des fonds localement aux différentes traditions en matière de philanthropie ».
« Nous avons rencontré des communautés dont les membres font des dons aux initiatives locales plutôt qu’aux projets internationaux. D’autres dont les membres préfèrent financer des services directs plutôt que des campagnes de promotion pour faire en sorte que ces services soient offerts sans discrimination. Dans certaines communautés, nous avons découvert que les gens faisaient des dons généreux de nourriture ou de vêtements, mais pas de dons monétaires. »
Selon Mme Hodgson, on passe d’une approche du développement thématique à une approche communautaire intersectorielle, moins concentrée sur les besoins des bailleurs de fonds que sur les nombreux besoins imbriqués formulés par les communautés elles-mêmes.
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Considérée sous cet angle, la philanthropie communautaire – à savoir celle qui a recours aux ressources et actifs locaux des communautés elles-mêmes et pas seulement des bailleurs de fonds nantis et qui renforce simultanément la société civile – croît rapidement dans les pays en développement. D’après un rapport du groupe Global Fund for Community Foundations, le nombre de fondations communautaires a augmenté de 86 pour cent entre 2000 et 2010 et les bailleurs de fonds locaux investissent dans différents types de développement communautaire.
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Au Kenya, une organisation appelée la Makutano Community Development Association a construit des barrages et des puits et développé des fermes en permettant aux habitants d’être les acteurs de leur propre développement.
Mme Hodgson estime que les institutions philanthropiques communautaires « ont tendance à ne pas être prises en comptecompte
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(Photo : Edgar Mwakaba/IRIN)
Source : IRI N (Le 13 avril 2014)
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