Présidentielle 2014 en Mauritanie : Ould Abdel Aziz va-t-il transiger sur la date ?

Des responsables du Forum National pour la Démocratie et l'Unité (FNDU), un collectif formé de 17 partis politiques de l'opposition dite radicale, des organisations de la société civile, des centrales syndicales et personnalités indépendantes, avaient annoncé et justifié la suspension de leur participation à un dialogue politique national regroupant 3 pôles, jeudi au cours d'une conférence de presse.

 

 Moussa Fall, haut responsable du FNDU a expliqué que ce forum exclu toute idée de dialogue avec des partis politiques se réclamant de la mouvance majoritaire, mais ne disposant d'aucun pouvoir de décision, qui relève exclusivement du président Mohamed Ould Abdel. Ce dialogue vise à créer un climat politique apaisé pour une élection présidentielle inclusive et transparente. Le scrutin présidentiel en Mauritanie est prévu par le calendrier républicain entre mai et juillet 2014.

Kane Hamidou Baba, président du MPR et vice président du FNDU, cité par Alakhbar, a fait la déclaration suivante : « « les problèmes qui avaient empêché une partie de la classe politique d’aller aux dernières élections législatives et municipales sont toujours là. Et tant qu’ils ne sont pas réglés, il est évident qu’on sera toujours de retour à la case de départ».

Premier obstacle a l’entame effective de ce dialogue : l’opposition exige la présence de représentants du pouvoir. A ce sujet, toujours sur Alakhbar, Kane Hamidou Bababa a déclaré : « "Le dialogue se fait essentiellement avec le pouvoir exécutif et non avec le soutien du pouvoir. Nous avions alors demandé au premier ministre la présence du pouvoir exécutif. Il a promis que le gouvernement y sera avec une majorité consolidée. Donc, des représentants du gouvernement et ceux de la majorité. Il devait y avoir en fait le pôle du pouvoir, le pôle du forum et le pôle de la CAP, chacun représenté par deux personnes. Mais, notre surprise a été grande quand le ministre de la Communication qui nous a été envoyé est arrivé dans la salle comme s’il ouvrait un séminaire. Il fait son speech, il se lève, il s’en va. Nous nous sommes dit que nous n’avions plus à rester là-bas".

Toutefois, Kane Hamidou Baba reste optimiste. Pour lui « Le dialogue n’a pas commencé, donc on ne peut pas parler d’échec. Il y a juste l’échec de la rencontre préparatoire à ce dialogue (…) Nous avons toujours une politique de la main tendue (…) Le dialogue est nécessaire, je dirais même qu’il est indispensable et qu’il se fera. Maintenant, il y a une rupture de confiance naturellement qui date de la crise politique, née des élections présidentielle de 2009"

Autre obstacle : le pouvoir veut s’en tenir au calendrier constitutionnel, l’opposition, le FNDU, lui, veut, pour un dialogue « sérieux » sans aucun préalable, maintenir l’option du report de la présidentielle.
Le dialogue politique impliquera des reformes qui nécessiteront le vote de nouvelles lois ou la révision de lois. Il est quasiment impossible de mener ce dialogue à terme avant la présidentielle de juin 2014.

« Le temps du dialogue pour une élection présidentielle inclusive, pourrait-il justifier un report de la date de l’élection présidentielle. La COD est-elle pour le principe de ce report ? La constitution permet-elle d’ailleurs ce report ? » En réponse a cette question, Lo Gourmo Abdoul, vice président de l’UFP, un parti membre du FNDU, a dit ceci : « Tout dépendra de ce dont les parties conviendront, tout dépendra du sérieux et de l’honnêteté des discussions. Le Premier Ministre n’a cessé de répéter aux différents chefs de nos partis, la disposition du régime à trouver un accord général pour cette élection. Son Ministre de la Communication semble être dans un autre état d’esprit. Il y’a donc ambigüité mais dans le doute, nous préférons pour l’instant, croire au Premier Ministre.

Si donc le dialogue est officiellement ouvert, une commune et rationnelle évaluation permettra , de manière consensuelle, d’envisager les différents cas de figure, en fonction de la nature des mesures à prendre et à mettre en œuvre pour aboutir au résultat d’une élection présidentielle libre, démocratique, transparente et non contestée. Le temps politique est l’œuvre des acteurs !

La constitution détermine en effet un délai de tenue de toutes les élections nationales. Les législatives ont été reculées de deux ans de manière parfaitement illégale. Le pouvoir a passé outre malgré tout et a cherché à légaliser tout ça ex post facto, après coup. Il lui était loisible de procéder à un réajustement constitutionnel suivant une procédure parfaitement conforme à celle prévue par le texte constitutionnel. Donc de ce point de vue, il n y’a aucun problème.

Un problème de calendrier ne peut pas vraiment faire obstacle à une solution consensuelle, qui plus, est conforme le cas échéant à la constitution. Le vrai problème est celui de savoir si tout le monde est d’accord pour une présidentielle apaisée, inclusive et qui ouvre de nouvelles perspectives politiques favorables à la paix et à la stabilité démocratique du pays. Le reste suit. »

En Juin 2014, Mohamed Ould Abdel Aziz sera président sortant et candidat mais également avec l’étiquette de président de l’Union Africaine. Le président en exercice de l’UA, réélu président de la République chez lui dans une élection boycottée ce n’est pas la meilleure des publicités. Pour éviter ce désagrément, il transigera peut être sur la date de l’élection présidentielle.

KD

 

Source : Le Quotidien de Nouakchott

 

 

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