Présidentielles 2014 : Tout est négociable sauf un Gouvernement d’Union Nationale pourquoi ?

Tout est négociable sauf un Gouvernement d’Union Nationale pourquoi ? Serait-ce la stratégie du pouvoir dans sa ligne de conduite des négociations engagées avec l’opposition pour sortir de l’impasse politique dans laquelle la Mauritanie est plongée ? Pour cette fois, quelque chose semble enfin bouger pour s’entendre sur les termes d’une élection présidentielle moins tachées que d’habitude.

 

En effet, et à la lumière des déclarations des différents camps, Pouvoir et Opposition notamment, la rencontre entre les différents pôles politiques risquerait de s'achever en queue de poissons. A l’origine probablement de cet échec à s'asseoir et négocier une issue de crise politique avant la présidentielle prévue le 21 juin prochain, les positions diamétralement opposées entre les deux camps. En fait, la balance parait d’ores et déjà déséquilibrée entre les protagonistes. Si le Front National pour l'Unité et la Démocratie (FNUD) regroupe toute l'opposition traditionnelle au régime ainsi que des personnalités indépendantes et de la société civile, l'autre camp politique rassemble lui le parti au Pouvoir et ses satellites de la Majorité ainsi que la Coalition pour une Alternance pacifique qui quoique composée d'anciens opposants montre beaucoup de proximité avec le régime en place. Plus pernicieux encore est l'objet même des retrouvailles. Dans le camp du FNUD, l'organisation de la future élection présidentielle devrait donner des garanties sur la transparence du scrutin.

Pour ce faire, ce camp avait déjà exhibé ses cartes en proposant entre autres, comme gages à cette transparence, la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, le recul de l'échéance elle-même en plus d'une révision conséquente de la Commission Nationale Electorale Indépendante (CENI). Sur ces trois préalables les réponses du régime n'ont pas tardé avec les déclarations du porte-parole du gouvernement, Sidi Mohamed Ould Maham, refutant toute éventualité pour les deux premières conditions. Ce à quoi a également répondu le président de l'UFP, Mohamed Ould Maouloud, membre de la COD, qui estime qu'aucune des deux parties ne devrait à priori imposer un agenda. Dans un entretien avec certains de nos confrères, Ould Maouloud a, en effet, estimé que le dialogue pourrait passer en revue toutes les questions de discordance et permettre d'envisager une élection "sereine" dont les résultats, en cas de transparence avérée, s'imposerait à tous". Il y a donc fort à parier que la première négociation directe entre les belligérants de la scène politique risque de buter contre ces premiers désidératas. Une élection présidentielle consensuelle, inclusive et transparente restera toujours la solution intrinsèque à une sortie de crise dans notre pays mais aussi en cas de succès de crédibilité pour le président Aziz qui a la lourde tâche de présider l'Union Africaine.

Oui à tout mais un gouvernement d’union c’est non

Il ne fait pas de doute que le président sortant a été, 7 ans durant, malmené par une opposition agressive et pugnace, usant de graves accusations de mauvaise gouvernance : affaire « Ghanagate », corruption, népotisme, parrainage de narcotrafiquants, etc. Auréolé aujourd’hui de la présidence de l’UA et de ses prérogatives et responsabilités internationales (coprésidences du sommet UE-UA les 2 et 3 avril, avec Obama du sommet UA – USA les 4 et 5 août), le président sortant est prêt à toutes concessions, pour exercer un second mandat incontesté, apaisé, reconnu et soutenu sans réserve par la Communauté internationale, à l’exception formelle de la formation d’un Gouvernement d’Union Nationale (GUN). Car, en cédant sur ce point, il accepterait de facto l’illégitimité de son pouvoir telle que martelée par le FNDU depuis les accords de Dakar, alors que les principes démocratiques et la loi, lui sont favorables. L’opposition ne peut en effet, prétendre gouverner le pays en dépit des dispositions constitutionnelles qui en réservent le droit à une majorité qualifiée issue d’élections législatives.

Les autres conditions posées par le FNDU, à priori acceptables par le président sortant, ne peuvent pas être convenablement remplies en respectant l’agenda prévu par la constitution. Un report serait par conséquent incontournable. Conscient de cela, le pouvoir exigera le cas échéant que le FNDU l’exige pour en porter l’entière responsabilité. Dans ces conditions, il ne pourra pas contester les décisions du président sortant en évoquant la péremption de son mandat. La durée de cet éventuel report va très certainement achopper sur l’établissement d’une liste électorale fiable et consensuelle. Tout dépendra de la masse critique à convenir pour l’enrôlement des milliers de mauritaniens de l’intérieur et de l’étranger aujourd’hui en rade. L’échec du dialogue envisagé reposera principalement sur : l’intransigeance du FNDU pour la composition d’un GUN, face au refus catégorique du pouvoir, un accord sur la masse critique de l’enrôlement devant servir de base pour l’établissement d’une liste électorale fiable et consensuelle. Le cas échéant, l’élection présidentielle se fera sans le FNDU en entier ou sans son noyau dur. Le pouvoir aura tout le loisir d’en imputer l’entière responsabilité au FNDU, en prenant la Communauté internationale à témoin. Dans le débat ouvert, le premier Ministre se montre conciliant et ouvert, tandis que le discours du ministre de la communication chargé des relations avec le parlement, M. Sidi Mohamed Ould Maham, verrouille. Cela relève de la tactique qui consiste à souffler le chaud et froid pour exercer une forte pression sur l’adversaire et déstabiliser. C’est de bonne guerre pourrait-on dire !
 

Diop Moussa
mdiop789@gmail.com

 

Source : Le Quotidien de Nouakchott

 

 

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