Jammeh, l’arabisant

Paul Kagamé, chef de l’état du Rwanda, s'est déjà détourné du français pour adopter l'anglais. Et maintenant c’est le gambien Yahya Jammeh qui aurait décidé de bouder la langue de Shakespeare pour adopter celle de Taha Hussein, donc l’arabe. C'est facile de le faire et c'est l'avantage d'être un dictateur, tu n’a pas besoin de l'approbation du peuple pour entériner une décision. Sauf que lorsqu’on impose une langue, il peu y avoir un rejet comme c’est le cas pour une partie de la population en Mauritanie.

 

 

L'arabe est une belle langue de surcroît très riche mais également très difficile. Alors si Jammeh pensait que la grammaire anglaise n’est pas facile à maitriser, alors il va se casser les dents avec le "nahw", la grammaire arabe. En outre, se rapprocher des pays arabes peut comporter un risque puisque ces derniers sont confrontés à une instabilité qui pourrait inspirer les Gambiens. Surtout si ceux-ci lisent les poèmes du tunisien Aboul Qassim Ech chabbi qui dit notamment que si un peuple se soulève, les entraves se délient…

Alors pourquoi ne pas avoir choisi le français ? Peut-être parce qu’elle est utilisée par le grand frère sénégalais avec lequel la Gambie ne s'entend pas toujours car il veut l’avaler tout simplement. Il reste une autre option, le chinois. Et en choisissant cette langue, Jammeh, dictateur excentrique, bouffon et utopiste, ferait une bonne affaire. Puisque la chine pourrait être flattée et investir massivement dans son pays. Autre avantage, elle le fera sans demander des garanties sur le plan démocratique étant donné qu’elle-même ne porte pas la démocratie dans son cœur.

 

Ibrahima Athie

 

(Chronique de l'émission " le débrieff de l'actu" du dimanche 30/03/2014. Le "débrieff de l'actu", tous les dimanche dès 22H00 heure de Paris, 21 H00 GMT sur www.kassataya.com)

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